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John le Carré : Espion et Écrivain
John le Carré, maître incontesté des histoires d’espionnage, a su habilement exploiter les expériences de sa carrière dans le renseignement pour donner vie à ses récits incroyablement réalistes. Mais pourquoi donc le Carré a-t-il quitté le Secret Intelligence Service britannique, communément appelé le MI6, pour se retirer derrière sa plume ? Pendant un certain temps, le Carré a jonglé entre ses activités d’écrivain et d’espion – son pseudonyme a été adopté à la demande de son patron pour protéger son identité de David Cornwell. Son emploi lui a fourni une mine d’inspiration, le genre des espions restant une constante tout au long de sa vie.
Cependant, malgré son talent pour tisser des intrigues captivantes, le Carré avait quelques réserves sur la vie au sein des services secrets. Il a, à un moment donné, confié à NPR que le mensonge constant inhérent à l’espionnage le mettait mal à l’aise. Néanmoins, son départ n’a pas été volontaire; il a été contraint de quitter le MI6 lors du plus grand scandale ayant secoué les renseignements britanniques, orchestré par Kim Philby. Philby, un agent double notoire, a réussi à compromettre de nombreuses opérations du MI6 au profit du KGB, sans jamais être détecté.
Kim Philby : L’Homme qui a Fait Chuter John le Carré
Double agent redoutable, Kim Philby a mis fin à la carrière d’espionnage de John le Carré. Malgré son apparence de parfait agent du MI6 – issu de l’aristocratie, fils d’un diplomate, et formé à Cambridge – Philby nourrissait en réalité des sympathies pour le communisme dès les années 1930.
Membre du groupe d’espions connu sous le nom des « Cinq de Cambridge », avec Donald Maclean, Guy Burgess, Anthony Blunt et John Cairncross, Philby a réussi à demeurer indétecté durant des années avant d’être démasqué dans les années 1960 lorsqu’il a fui en URSS pour n’y jamais revenir.
Malgré le mépris profond que le Carré portait à Philby, le traître a grimpé les échelons au sein des services secrets jusqu’à atteindre le sommet. Cependant, Philby a finalement trahi sa patrie et ses collègues, provoquant la disgrâce de nombreux agents.
Le Carré Quitte le Service
Jeune homme, John le Carré s’est rendu à Berne, en Suisse, pour étudier l’allemand à la fin des années 1940. Recruté comme agent de renseignement, il a exercé dans plusieurs villes européennes au cours de sa carrière. C’est dans les années 1960 que sa carrière d’écrivain a commencé à décoller avec le succès retentissant de « L’Espion qui venait du froid ». Son portrait sombre des services secrets, avec ses éthiques douteuses, a irrité certains de ses collègues, allant jusqu’à attiser leur colère.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été la disparition de Kim Philby en 1963, révélant ainsi sa trahison et exposant de nombreux agents britanniques en Europe. Le Carré, déjà considéré comme un risque par certains, s’est vu demander de quitter le service en 1964, peu de temps après ce scandale retentissant. Ce fiasco a cependant fourni à l’écrivain une matière supplémentaire pour ses romans, notamment l’un de ses ouvrages les plus appréciés, « La Taupe », qui explore la traque haletante d’un agent double.