
Satan est souvent associé à de nombreuses figures sinistres — ange déchu, seigneur des ténèbres, gardien infernal du lac de feu éternel, maître du chien à trois têtes Cerbère, voire même chef présumé des Illuminati. Pourtant, ce personnage est aussi, contre toute attente, un excellent cryptographe. Cette hypothèse prend tout son sens lorsqu’on analyse le message mystérieux laissé par une nonne sicilienne du XVIIe siècle, sœur Maria Crocifissa della Concezione.
En août 1676, cette religieuse de 31 ans fut découverte dans sa cellule au couvent de Palma di Montechiaro, le visage maculé d’encre et tenant une lettre incompréhensible, rédigée dans un code apparemment diabolique. La nonne affirmait que le Diable l’avait contrainte à écrire ce message crypté pour la détourner de la foi chrétienne. Devant l’importance de cette lettre supposément dictée par Satan, le couvent manifesta un intérêt considérable à en percer le secret.
Dans les années 1960, un défi fut même lancé : une récompense d’un « séjour gratuit d’un mois » serait offerte à quiconque réussirait à traduire le texte codé. Toutefois, la lettre demeura indéchiffrable pendant des siècles, jusqu’à ce qu’en 2017, une équipe de chercheurs réussisse enfin à décrypter ce cryptogramme singulier.

Le Ludum Science Center, chargé de cette mission complexe, expliqua que la clé ne résidait pas dans le Diable lui-même, mais dans la personnalité de sœur Maria. Née Isabella Tomasi, elle entra au couvent à quinze ans et aurait créé un langage codé personnel, mêlant plusieurs alphabets anciens qu’elle connaissait avant ses vœux religieux.
En effet, ce code mêlait le latin, le grec et l’arabe, traduisant un esprit à la fois cultivé et tourmenté. Selon cette traduction, le message critique violemment la Sainte Trinité, qualifiée de « poids mort », et déclare : « Dieu pense pouvoir libérer les mortels … Le système ne sert personne … Peut-être maintenant, Styx est certain. » Ici, Styx fait référence au fleuve mythologique séparant le monde des vivants des enfers, et non au groupe de rock des années 1970.
Ce texte énigmatique pourrait-il n’être que l’expression d’une adolescente en révolte dans une époque avant l’avènement du rock ? Les chercheurs penchent plutôt pour une explication médicale : sœur Maria aurait souffert de troubles mentaux, possiblement de schizophrénie ou de trouble bipolaire, accompagnés de crises au cours desquelles elle criait au Diable chaque nuit. Qu’elle ait réellement été possédée ou non fait débat, mais elle traversa assurément une forme de « descente aux enfers » psychologique.
