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Un rendez-vous familial pendant le Ramadan
Les séries diffusées durant le mois de jeûne du Ramadan sont devenues des institutions culturelles dans de nombreux pays musulmans, et tout particulièrement en Algérie. Elles revêtent une dimension engagée sur les sujets de société, touchant à des thèmes variés allant des drames sentimentaux aux comédies familiales, jusqu’aux thrillers captivants. Ces feuilletons quotidiens, qui sont disponibles à la fois sur les chaînes de télévision et sur des plateformes comme YouTube, accompagnent les familles après l’iftar, le repas qui marque la rupture du jeûne au coucher du soleil.
L’importance de la tradition
Cette tradition est également très présente en France, où des populations d’origine algérienne, comme Malika, rejoignent leurs familles pendant le Ramadan pour partager ce moment fort. Malika, 31 ans, témoigne de l’importance de ces séries qui lui permettent d’apprendre des mots d’arabe et de se connecter avec les souvenirs de son enfance, tout en rappelant à sa mère le pays où elle a grandi.
Sujets audacieux abordés
Cette année, l’une des séries suivies par Malika est intitulée Al Ard, qui aborde des problématiques politiques telles que la colonisation française de l’Algérie. Les réalisateurs d’aujourd’hui choisissent de traiter des thématiques plus audacieuses, passant de simples drames à des récits traitant de la corruption et de l’émigration clandestine. Cette évolution des séries est également due à l’émergence de chaînes privées et à la concurrence avec les plateformes numériques.
Une approche plus frontale des thématiques
Les producteurs s’engagent de plus en plus dans des représentations réalistes des enjeux sociaux. Le réalisateur Yahia Mouzahem, à l’origine de la série El Dama, souligne qu’il n’y a plus de sujets tabous, bien que l’on doive rester respectueux des sensibilités familiales lors de la diffusion de ces contenus. Par exemple, les séries évitent les scènes à caractère sexuel tout en abordant des thèmes de sexualité.
Parallèles en Tunisie
Des tendances similaires se dessinent également en Tunisie, où cette année la suite de la série Ragouj évoque des problématiques liées à la corruption administrative. D’autres productions traitent de conflits d’héritage ou des mauvais traitements infligés aux ouvriers pendant la période coloniale, témoignant d’une volonté d’explorer des sujets pertinents et parfois sensibles. Ces récits permettent d’engager le public sur des enjeux cruciaux tout en restant divertissants.
Un avenir prometteur pour les productions algériennes
Fort du succès rencontré par des séries comme El Dama, le réalisateur Yahia Mouzahem espère que les productions algériennes pourront atteindre une audience plus large, même si les budgets des productions algériennes restent considérablement inférieurs à ceux des grandes plateformes. Néanmoins, les évolutions en cours laissent entrevoir un potentiel d’exportation de ces œuvres à travers le Maghreb et au-delà.