Sommaire
L’essentiel
Dix-neuf personnes ont été interpellées à Marseille, Perpignan et en Espagne, soupçonnées d’avoir organisé divers réseaux de trafic de migrants. Ces réseaux facilitaient des départs en bateau semi-rigide depuis l’Algérie vers l’Espagne, d’où les candidats à l’immigration étaient ensuite acheminés vers la France. Les enquêteurs estiment à 1.700 le nombre de personnes, majoritairement de nationalité algérienne, mais aussi provenant d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, qui sont entrées illégalement en France grâce à ce dispositif.
Une opération complexe
Les modalités d’acheminement des migrants rappellent les opérations liées au trafic de stupéfiants, selon Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille. Ce dernier a récemment exposé les détails du démantèlement de ces réseaux de passeurs. Il a été révélé que trois réseaux distincts opéraient, dont l’un avait cessé ses activités à la fin de l’année 2022. Ces réseaux agissaient ensemble pour transporter des candidats à l’immigration depuis l’Algérie et l’Espagne, jusqu’en France, et parfois au-delà, vers des pays d’Europe du Nord.
Mode opératoire des passeurs
L’enquête, qui a débuté en novembre 2023 suite à des renseignements d’Europol, a mis en lumière qu’un Marseillais de 23 ans dirigeait les opérations les plus significatives. Son rôle consistait à organiser le transport des migrants depuis Mostaganem, en Algérie, jusqu’à Murcie, en Espagne. Cette traversée de 160 milles nautiques (environ 300 kilomètres) se faisait à bord d’un bateau semi-rigide de 8,5 mètres, propulsé par un moteur hors-bord. Les migrants étaient entassés à bord moyennant un paiement de 9.000 euros par personne. Le pilote, quant à lui, percevait 18.000 euros par trajet. Des allégations de corruption concernant des agents de la marine algérienne ont également été évoquées, mentionnant un versement destiné à les inciter à ne pas intervenir.
Transport en France
À leur arrivée en Espagne, les migrants étaient pris en charge par une seconde équipe opérant depuis le Perthus et la Jonquera, à la frontière avec la France. Ces derniers offraient un transport clandestin par des routes secondaires dans les Pyrénées, pour des tarifs oscillant entre 150 et 300 euros par personne, jusqu’à des destinations telles que la gare de Perpignan, ainsi que Montpellier ou Toulouse.
L’enquête a également révélé la complicité de logeurs, principalement issus de l’entourage des trafiquants, ainsi que d’un hôtelier de Perpignan peu scrupuleux. Au total, près de 1.700 personnes ont été identifiées comme utilisant ces réseaux pour entrer illégalement en France, avec une majorité d’Algériens et une présence notable de migrants d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient.