La Pennsylvanie est célèbre pour sa riche histoire, notamment la Liberty Bell célèbre pour sa fissure emblématique, ainsi que pour sa communauté Amish réputée dans la fabrication de meubles en bois. Parmi ses singularités, cet État américain possède aussi des lois pour le moins insolites. Certaines sont peu connues, comme l’interdiction de tirer au canon lors des mariages, l’interdiction de se faire passer pour un voyant dans le but d’obtenir un paiement ou encore l’interdiction d’emmener des ânes ou des mulets dans les tramways de Pittsburgh. Une autre législation particulière concerne la gestion des corps après un décès : selon elle, tout corps non enterré dans les 24 heures doit être embaumé ou conservé au frais.
Cette règle peut sembler rationnelle, considérant la rapidité de décomposition du corps humain après la mort. En effet, la prolifération microbienne atteint son pic au bout de 24 heures, période à partir de laquelle apparaissent les premiers signes de putréfaction, comme la coloration verdâtre de la peau et la dégradation sanguine visible à travers la peau. Le StatPearls détaille ces phénomènes biologiques. Or, le Code de la Pennsylvanie, Title 49 § 13.201, va plus loin en imposant des conditions strictes quant à la conservation des corps : si le corps n’est pas enterré dans les 24 heures, il doit être soit embaumé, soit placé sous réfrigération à une température comprise entre 35 et 40 degrés Fahrenheit (environ 1,6 à 4,4 degrés Celsius).
Des contraintes lourdes pour les familles endeuillées
Cette législation remonte à 1973, dans un bloc de texte relatif aux « responsabilités professionnelles » des directeurs de funérailles. Elle révèle une rigidité dans l’organisation post-mortem, en imposant des délais très courts et des conditions très précises pour la manipulation des dépouilles. Par exemple, une fois retiré du réfrigérateur, le corps doit être enterré, incinéré ou placé dans un tombeau dans les cinq heures suivant sa sortie.
La loi interdit également la présentation du corps au cours des veillées si celui-ci a été réfrigéré au-delà de 36 heures sans embaumement. En pratique, cette règlementation oblige les familles à agir rapidement, soit en enterrant la dépouille dans un délai de 24 heures, soit en assurant un stockage conforme aux règles très strictes imposées. Ce délai est souvent irréaliste et crée une pression importante à un moment déjà difficile de deuil.
Origines et justifications obscures de la loi sur l’enterrement rapide
La raison exacte de cette loi reste difficile à cerner. Contrairement à ce que l’on pourrait supposer, il ne s’agit pas d’une mesure sanitaire liée spécifiquement aux maladies contagieuses, puisque le Code de la Pennsylvanie Title 28 § 1.23 de 1979 clarifie que seuls les corps de personnes décédées de maladies contagieuses doivent impérativement être embaumés ou réfrigérés.
Le délai très court pour permettre la présentation du corps au cours des veillées pose aussi question : 36 heures pour organiser les funérailles, alerter les proches et préparer l’accueil semble bien insuffisant. Ce paradoxe entre une approche très réglementée du stockage et des règles restrictives pour le recueillement crée un sentiment de froideur inhabituelle, particulièrement étonnant dans un texte qui, sur d’autres points, insiste sur le respect et la dignité envers les familles.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce cadre légal particulier : volonté d’accélérer les obsèques pour des raisons encore inconnues, gestion compliquée des cimetières ou pénurie de services funéraires à un moment donné. Malgré cette règlementation stricte, U.S. Funerals Online précise que la loi n’est en réalité que très peu appliquée. Aucun contrôle rigoureux n’est effectué pour imposer ces contraintes, évitant ainsi aux familles endeuillées d’être soumises à des délais excessivement pressants.