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La présidence de Donald Trump en 2025 s’est traduite par l’instauration de tarifs douaniers sur divers pays, provoquant une série de réactions allant des analyses historiques aux débats économiques. Bien que certains s’intéressent aux détails, beaucoup ignorent même ce qu’est un tarif. Cette situation pousse la population américaine à redécouvrir les mécanismes du commerce international, longtemps laissés pour compte. En s’appuyant sur l’histoire, notamment sur les conflits commerciaux passés, il est possible de mieux comprendre les enjeux actuels et futurs.
Depuis sa création, les États-Unis ont connu de nombreux différends commerciaux internationaux, de la Boston Tea Party de 1773, en réaction à l’imposition britannique, jusqu’à des contentieux avec la France, l’Allemagne, le Japon, le Canada ou encore l’Europe. Toutefois, aucune guerre commerciale américaine ne dépasse en ampleur et en répercussions celle liée au Smoot-Hawley Tariff Act de 1930, véritable épicentre de la Grande Dépression.
Le Smoot-Hawley Tariff Act : une tentative de redressement économique
La réalité éprouvante de la Grande Dépression reste gravée dans la mémoire collective, avec ses conséquences dramatiques : pertes de logement, chômage massif, files interminables devant les distributions de pains, pauvreté extrême. Dans ce contexte, le Smoot-Hawley Tariff Act, adopté en 1930, cherchait à protéger les entreprises américaines en réduisant la concurrence étrangère via une augmentation des taxes douanières sur les importations.
Ce texte imposa en moyenne une hausse de 20 % sur les produits importés, ciblant principalement les secteurs agricoles et manufacturiers, avec pour objectif d’inciter les Américains à consommer national. Cependant, alors que la dépression venait tout juste de commencer – marquée notamment entre 1929 et 1933 par une chute de 47 % de la production industrielle et une baisse de 30 % du PIB –, les effets ne furent pas ceux escomptés.
Le renforcement involontaire de la crise
Au lieu d’atténuer la crise, la législation accentua les difficultés économiques. En effet, les pays partenaires firent le choix de riposter en imposant à leur tour des droits de douane sur les produits américains. Dans un contexte de commerce globalisé et interdépendant, cela a eu pour effet de réduire drastiquement les exportations américaines, fragilisant davantage l’économie nationale et amplifiant la récession mondiale.
Une spirale de mesures protectionnistes aggravantes
Malgré une mobilisation de plus de 1 000 économistes en 1929 appelant le président Herbert Hoover à rejeter cette loi, ce dernier la promulgua le 17 juin 1930. À la suite des réactions internationales défavorables, Hoover renforça même sa politique protectionniste.
Alors que le texte initial fixait les tarifs douaniers autour de 20 %, ils passèrent rapidement entre 40 % et 60 %. Il faut rappeler que la loi Fordney-McCumber de 1922 avait déjà élevé le taux moyen à environ 40 %. Par ailleurs, d’autres secteurs économiques américains revendiquèrent une extension des mesures à un ensemble croissant de produits.
Les représailles internationales provoquèrent une chute vertigineuse des exportations américaines, de 7 milliards de dollars en 1929 à seulement 2,5 milliards en 1932, en plein cœur de la dépression. Le krach boursier s’intensifia, 23 partenaires commerciaux dénoncèrent la décision, et les promoteurs du texte perdirent leurs sièges. Au niveau mondial, le commerce s’effondra de 65 %, étendant ainsi la dépression à l’ensemble de la planète.
La reconstruction économique sous Roosevelt
Le redressement après le Smoot-Hawley Tariff Act s’est confondu avec la sortie progressive de la Grande Dépression. Sous la présidence de Franklin Delano Roosevelt, élu en 1933, des mesures ambitieuses furent mises en place pour relancer l’économie et restaurer les relations commerciales. Parmi elles, le New Deal puis la création en février 1933 de la Banque d’Export-Import des États-Unis, dédiée à la gestion des échanges internationaux.
En mars 1934, le Reciprocal Trade Agreements Act (RTAA) établit un cadre pour la négociation d’accords bilatéraux avec dix-neuf pays jusqu’en 1939, ce qui favorisera la reprise économique juste avant la Seconde Guerre mondiale.
Les paroles de Roosevelt étaient claires : « la récupération intérieure complète et durable dépend en partie d’un commerce international renouvelé et renforcé » (d’après le Département d’État américain). Le RTAA, qui a guidé la libéralisation progressive des échanges, a servi de modèle aux relations commerciales mondiales prospères qui se sont développées depuis plus de 90 ans.