La Tragique Histoire de la Campagne de Vaccination Factice de la CIA

par Olivier
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La Tragique Histoire de la Campagne de Vaccination Factice de la CIA
Pakistan, USA

Histoire de la campagne de vaccination factice de la CIA

La CIA n’est pas seule responsable de la persistance de la poliomyélite sauvage au Pakistan, mais son rôle a certainement compliqué la situation. En effet, l’agence a tenté d’utiliser une campagne fictive de vaccination contre l’hépatite B dans le but de localiser Oussama ben Laden. Si cette opération n’a pas fonctionné comme prévu, elle a toutefois semé une profonde méfiance envers les travailleurs de santé chargés de la vaccination contre la polio, aggravant la lutte contre cette maladie dans le pays.

Vaccin contre l’hépatite B Cette campagne controversée fut initialement révélée par le journaliste pakistanais Saeed Shah, qui rapporte que la CIA et le Département d’État auraient tenté de l’empêcher de publier l’information. L’opération aurait même utilisé l’organisation caritative « Save the Children » comme couverture, ce qui allait à l’encontre des directives de la CIA interdisant l’usage d’entreprises américaines comme façade.

Au final, ben Laden fut éliminé environ un mois après le lancement de cette campagne fictive. Mais le prix à payer fut lourd : des enfants n’ont pas reçu le nombre nécessaire de doses de vaccin contre l’hépatite B, et la confiance envers les professionnels de santé s’est durablement érodée au Pakistan.

Qui est le Dr Shakil Afridi ?

Dr Shakil Afridi Le Dr Shakil Afridi était un haut responsable de la santé dans la province de Khyber Pakhtunkhwa durant la fin des années 1990 et le début des années 2000. Après avoir été kidnappé puis libéré en 2008, il s’exila brièvement en Californie avec sa famille. Toutefois, son diplôme médical n’étant pas reconnu aux États-Unis, il ne put y exercer.

De retour au Pakistan, Afridi affirme avoir rencontré une Américaine, Kate, lors d’un événement de « Save the Children ». En janvier 2011, cette dernière lui proposa de lancer une campagne de vaccination contre l’hépatite B dans la région d’Abbottabad. Selon des sources, cette campagne avait pour véritable objectif la collecte d’ADN dans le voisinage où se cachait supposément ben Laden. En effet, les aiguilles usagées des vaccins devaient être récupérées et envoyées à la CIA afin d’analyser l’ADN et identifier d’éventuelles relations avec le terroriste.

Les vaccins factices contre l’hépatite B

Complexe de Ben Laden à Abbottabad En mars 2011, Afridi lança officiellement son projet à Abbottabad, affichant des posters et démarrant la campagne dans un quartier pauvre pour plus d’authenticité. Or, le vaccin contre l’hépatite B doit être administré en trois doses étalées dans le temps : la deuxième un mois après la première, et la troisième six mois plus tard.

Après la première injection en mars, Afridi et son équipe se déplacèrent en avril jusqu’à une maison à trois étages nommée Waziristan Kothi, dans le quartier de Bilal Town, là où l’on soupçonnait ben Laden de se cacher. Bien que la villa fût inoccupée lors de leur passage, ils apprirent qu’Ibrahim Saeed Ahmed, un proche fidèle du chef terroriste, y résidait. Ce renseignement fut précieux pour la CIA.

Un mois plus tard, l’opération militaire qui conduisit à la mort d’Oussama ben Laden fut menée avec succès. Toutefois, trois semaines après, le Dr Afridi fut arrêté par les services secrets pakistanais pour son implication dans cette campagne douteuse.

Les répercussions sur la vaccination contre la poliomyélite

Vaccination contre la polio au Pakistan Après la condamnation d’Afridi, les États-Unis réduisirent leur aide au Pakistan de 33 millions de dollars, soit un million pour chaque année de peine de prison infligée, selon les médias. Mais un effet encore plus grave fut la montée de la défiance envers les campagnes de vaccination en général.

Cette suspicion amplifia une méfiance déjà existante envers les vaccins antipoliomyélitiques, certains chefs religieux affirmant qu’ils servaient à stériliser la population musulmane pakistanaise. De ce fait, la campagne fictive de la CIA a involontairement fragilisé la lutte contre la polio, favorisant la résurgence de la maladie dans certaines régions du Pakistan.

En dépit des efforts internationaux, le Pakistan reste à ce jour l’un des derniers pays où la poliomyélite sauvage est encore endémique, aux côtés de l’Afghanistan. En 2014, la CIA annonça officiellement qu’elle n’utiliserait plus de programmes vaccinaux comme couverture pour ses opérations secrètes, conscience des lourdes conséquences sanitaires engendrées.

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