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Histoire

Les décès mystérieux suscitent toujours de nombreuses théories, surtout lorsqu’ils impliquent des communautés isolées et singulières, souvent perçues comme en marge de la société dominante. L’esprit humain semble fasciné par ces énigmes, donnant naissance à des récits souvent empreints de conjectures audacieuses.
Le cas de Peter Verigin, leader spirituel des Doukhobors au Canada, illustre parfaitement ce phénomène. Son décès survenu il y a près de cent ans n’a jamais été élucidé, laissant place à au moins sept hypothèses plausibles. Ces théories oscillent entre complots gouvernementaux, meurtre familial, voire implication du Ku Klux Klan — un scénario surprenant, mais bien documenté.
Peter Verigin, figure controversée, avait accumulé de nombreux ennemis durant sa vie, ce qui alimente encore davantage les spéculations autour de sa mort. Aujourd’hui, son assassinat reste enveloppé de mystère, captivant historiens et passionnés d’énigmes historiques.
Qui étaient les Doukhobors ?

L’origine exacte des Doukhobors demeure floue. Leur lieu d’origine est généralement situé en Russie, mais on ne sait pas précisément où. Leur formation remonterait au XVIIIe siècle, comme le suggère la première mention par le tsar dans les années 1750. Cette imprécision est en partie liée à leur tradition fondée sur la transmission orale, ce qui fait que peu de documents officiels subsistent à leur sujet.
Ce qui est plus clair, en revanche, ce sont leurs raisons d’existence et leurs croyances fondamentales. Les Doukhobors sont une secte chrétienne née principalement parmi les paysans russes, déçus par la richesse affichée et les rites complexes de l’Église orthodoxe. Ils prônaient une foi plus simple, dépourvue de rituels ostentatoires, et soutenaient que la divinité réside en chaque individu — chercher Dieu revenait donc à se tourner vers son propre esprit.
L’Église orthodoxe les considérait comme des dissidents, leur attribuant le surnom de « Doukhobors », signifiant « lutteurs contre l’esprit », avec une connotation péjorative. Pourtant, les Doukhobors réinterprétèrent ce terme positivement : pour eux, la lutte n’était pas contre les esprits, mais pour l’esprit divin qui sommeille en chacun. Cette foi en une autorité spirituelle interne les conduisit à rejeter toute autre forme de pouvoir, y compris celui du tsar.
Leur adhésion au pacifisme provoqua leur persécution. De ce fait, des milliers de Doukhobors furent contraints à l’exil dans la région du Caucase, un épisode qui marqua profondément leur histoire.
Peter Verigin et les Doukhobors
Né dans le Caucase le 11 juillet 1859 au sein d’une famille aisée, Peter Verigin était le arrière-arrière-grand-petit-fils d’un autre chef des Doukhobors, Savelii Kapustin, qui dirigeait la communauté dans le sud de l’Ukraine au début du XIXe siècle.
Dès son plus jeune âge, Verigin bénéficia d’une éducation de qualité. Sa vivacité d’esprit et son charisme attirèrent rapidement l’attention des dirigeants de la communauté Doukhobor.
Dans les années 1880, il fut surtout remarqué par la veuve de son cousin, Luker’ia Vasil’evna Kalmykova, alors chef des Doukhobors, qui prévit pour lui un destin dédié à une « mission sacrée ». Elle le contraignit à travailler à ses côtés, au point qu’il fut forcé de divorcer de sa femme enceinte.
Cette épreuve, bien que difficile, s’avéra en fin de compte déterminante. À la mort de Kalmykova en 1886, Verigin figura parmi les principaux candidats à la direction du mouvement. Sa popularité le rendit cependant menacé aux yeux de ses rivaux, qui orchestrèrent son arrestation au début de 1887, le condamnant à l’exil.
Ce séjour forcé de 15 ans dans les régions nordiques de la Russie ne fut pas vain. Durant cette période, Verigin entra en contact avec des révolutionnaires et anarchistes également exilés, ce qui renforça ses convictions. Il développa alors un manifeste qui prônait le pacifisme, le végétarisme et le rejet de toute forme de violence et de péché, qu’il transmit à ses fidèles.
Peter Verigin et l’émigration des Doukhobors au Canada

Les Doukhobors, minorité religieuse pacifiste, n’avaient guère d’amis en Russie. Cependant, ils commencèrent à attirer l’attention de groupes comme les Quakers anglais, grâce notamment aux relations de leur leader Peter Verigin avec des figures influentes telles que l’écrivain célèbre Léon Tolstoï. Ces connexions jouèrent un rôle déterminant pour faciliter leur installation au Canada, une émigration finalement approuvée par le tsar en 1898.
Au départ, Peter Verigin s’opposa à cette migration par principe. Mais confronté à la persécution croissante en Russie, il finit par accepter, reconnaissant dans ce déplacement la seule solution viable. En 1902, il rejoignit quatre colonies établies dans ce qui deviendra la Saskatchewan, dans l’Ouest canadien.
Néanmoins, le Canada ne représenta pas non plus un refuge parfait. Le mode de vie communautaire des Doukhobors entra rapidement en conflit avec les exigences juridiques liées à la propriété foncière. Les autorités canadiennes, notamment le Ministre de l’Intérieur, insistaient pour l’enregistrement individuel des terres, synonyme d’une obligation de service militaire que les Doukhobors refusaient catégoriquement.
La situation se dégrada au point où le gouvernement confisqua environ la moitié des terres des Doukhobors, tandis que Verigin se rendait en Russie. Il devint alors évident qu’une nouvelle solution devait être trouvée.
Cette réponse surgit en 1907, avec la disponibilité de terres agricoles à l’achat en Colombie-Britannique. De nombreux Doukhobors suivirent Peter Verigin vers ces terres propices, où ils fondèrent une communauté paisible et prospère, perpétuant leur mode de vie unique.
Peter Verigin, un leader pragmatique

Face aux situations juridiques souvent précaires auxquelles les Doukhobors étaient confrontés, Peter Verigin s’est révélé être un chef d’une grande efficacité. Il a su préserver son statut de figure spirituelle majeure — un rôle renforcé par son surnom « Gospodnii », signifiant « divin » ou « appartenant au Seigneur » — tout en tenant compte des réalités du monde extérieur.
Verigin faisait preuve d’un sens pragmatique remarquable. En effet, les Doukhobors, pacifistes et essentiellement agriculteurs vivant en communauté isolée, se distinguaient clairement des nations en pleine industrialisation rapide, souvent entraînées dans des guerres pour des raisons futiles. Leur mode de vie ne s’intégrait pas aisément dans ce contexte, mais Verigin savait quand faire des compromis au bénéfice de son peuple.
Il chercha notamment à négocier un terrain d’entente avec le gouvernement canadien sur la propriété foncière en Saskatchewan. Sa stratégie pour assurer la survie de la colonie incluait l’idée que les hommes trouvent des emplois à l’extérieur du groupe communautaire, afin d’obtenir les ressources financières nécessaires aux besoins essentiels.
Par ailleurs, Verigin accepta que les enfants fréquentent les écoles publiques, à condition que celles-ci excluent tout enseignement militaire ou religieux. Il encouragea également l’adoption des innovations technologiques qui pouvaient bénéficier aux activités agricoles des Doukhobors. Tous ces compromis visaient l’intérêt général et le maintien de leur mode de vie.
L’histoire tragique de Peter Verigin prend une tournure sombre et mystérieuse en octobre 1924. Le soir du 28, il montait à bord d’un train du Chemin de fer Canadien Pacifique à la gare de Brilliant, en Colombie-Britannique. Selon des archives généalogiques des Doukhobors, il voyageait en direction de Grand Forks, accompagné notamment de Mary Strelaeff, jeune femme de 20 ans, ainsi que de John McKie, député local, et plusieurs membres du même groupe communautaire.
Cette nuit-là, le voyage ne se déroula pas comme prévu. Vers 1h du matin, à proximité de la petite gare de Farron, nichée au cœur des montagnes et éloignée des grandes voies routières, une explosion dévastatrice brisa le silence. L’explosion, localisée autour de la place de Verigin, pulvérisa entièrement la voiture du train, arrachant son toit et ses parois et projetant plus de la moitié des passagers à l’extérieur.
Malgré la difficulté d’accès du lieu, les forces de l’ordre découvrirent une scène macabre. Parmi les 21 personnes présentes à bord, seuls deux survécurent indemnes. Peter Verigin succomba aux blessures avec John McKie, Mary Strelaeff et six autres passagers. Le corps de Verigin fut retrouvé à 15 mètres de la voiture explosive, l’une de ses jambes ayant été littéralement arrachée par la déflagration.
Les circonstances de cette explosion demeurent mystérieuses. Aucune cause indiscutable n’a jamais été identifiée, ouvrant la voie à de nombreuses hypothèses et théories autour de cet assassinat qui continue d’intriguer, même un siècle plus tard.
Un accident malheureux ?

Une des hypothèses avancées pour expliquer l’explosion ayant coûté la vie à Peter Verigin est celle d’un accident fortuit. Sur les lieux, les premières analyses évoquaient une explosion due à une fuite de gaz. En effet, l’essence servait à chauffer et éclairer les wagons du train, avec des réservoirs placés juste en dessous. Cependant, cette piste a rapidement été remise en question.
En effet, une inspection minutieuse révéla que le réservoir et les conduits d’essence du wagon étaient intactes, ce qui excluait une explosion causée par une fuite de carburant. Cette constatation a orienté les enquêteurs vers une autre forme d’accident.
À cette époque et dans cette région, il n’était pas rare que des passagers transportent de la dynamite, non pas pour des raisons criminelles, mais comme outil d’extraction minière. Selon des rapports, il est donc plausible que de la dynamite ait été présente à bord ce soir-là. L’apparition d’une horloge à proximité de l’explosion a d’ailleurs suscité des interrogations, car un homme originaire d’Inde la portait attachée à sa valise, laquelle pourrait avoir contenu de la dynamite.
Les Doukhobors, communauté à laquelle appartenait Peter Verigin, ont proposé une autre hypothèse : la chaleur à l’intérieur du wagon aurait pu ramollir l’extérieur de la dynamite, exposant ainsi la nitroglycérine. Dans un contexte où certains passagers fumaient, une simple imprudence aurait suffi à déclencher la déflagration fatale.
Une conspiration du gouvernement canadien ?

Bien que terrifiante, la théorie selon laquelle le gouvernement canadien — notamment celui de la Colombie-Britannique — aurait joué un rôle dans la mort de Peter Verigin existe bel et bien, et elle n’est pas dénuée de fondements.
Le gouvernement de Colombie-Britannique manifestait ouvertement son hostilité envers les Doukhobors. Il restreignait leur droit de vote, refusait de reconnaître légalement leurs mariages, et tentait d’imposer l’école d’État à leurs enfants. Ce climat de persécution était loin d’être anodin, comme en témoigne James Mavor, qui qualifiait cette attitude de « tout à fait méprisable ».
Selon lui, les autorités cherchaient délibérément à briser la communauté doukhobore en les plongeant dans des conditions défavorables, tout en leur refusant des milliers de dollars qui leur étaient dus. Ces pratiques lui faisaient penser à de véritables actes de brigandage, et il éprouvait une incompréhension profonde face au traitement réservé à ce peuple réputé pour sa bienveillance et son hospitalité.
Les Doukhobors eux-mêmes suspectaient fortement l’implication gouvernementale. Dans une lettre ouverte, ils exprimaient clairement leur conviction que les autorités voulaient anéantir leur communauté. Ils citaient notamment les paroles du juge Morrison lors d’un procès : « Plus tôt la communauté doukhobore serait étouffée, mieux ce serait. »
Cette déclaration, bien que non accablante à proprement parler, révèle une froideur et un manque d’empathie marquants. Le reportage du Nelson Daily News sur cette affaire souligne que le magistrat semblait dédaigner totalement les Doukhobors, jugeant leurs plaintes comme à peine dignes d’attention judiciaire.
Au début du XXe siècle, le sentiment nativiste, c’est-à-dire un mépris envers les immigrants de la part des Canadiens d’origine, s’est intensifié au Canada. Ce contexte a rendu certains groupes, comme les Doukhobors, particulièrement vulnérables aux hostilités.
Les Doukhobors, communauté aux traditions bien marquées, vivaient en grande partie en autarcie, préservant leur culture propre, ce qui pouvait apparaître comme une menace aux yeux des Canadiens natifs. De plus, ils bénéficiaient d’une exemption officielle du service militaire, même pendant la Première Guerre mondiale, une période où beaucoup d’autres étaient enrôlés malgré eux. Cette situation nourrissait les accusations les plus sévères à leur égard : certains les qualifiaient de lâches, d’autres les voyaient comme une nuisance.
Un article du Vancouver Sun illustre bien le climat de méfiance envers les Doukhobors. Bien que le sujet principal porte sur la réflexion de Peter Verigin au sujet d’un retour possible en Russie, l’article se conclut sur une opinion largement répandue à l’époque : le départ des Doukhobors serait probablement accueilli comme une bonne nouvelle par la population canadienne. On estimait qu’ils continueraient à causer des problèmes et qu’ils ne sauraient jamais s’intégrer pleinement à la société canadienne, restant ainsi une menace latente pour le pays.
Ce rejet généralisé ne prouve pas directement une implication dans l’assassinat de Peter Verigin, mais il établit un contexte propice à l’existence d’un mobile.
La mort de Peter Verigin pourrait-elle être attribuée à des forces venues de l’extérieur du Canada ? Une hypothèse intrigue les historiens : l’explosion fatale qui a coûté la vie au leader Doukhobor aurait été orchestrée par un groupe américain, notamment le Ku Klux Klan ou la Légion américaine.
Cette théorie s’appuie notamment sur le fait qu’en 1924, Verigin avait acquis environ 350 hectares de terre dans l’Oregon. Il ne s’agissait pas pour lui de créer une nouvelle colonie américaine, mais simplement d’investir dans un projet agricole expérimental. Ce site ne comptait que cinq habitants, témoignant de la faiblesse de toute implantation Doukhobor aux États-Unis.
Cependant, à cette époque, une crainte croissante vis-à-vis des supposés « communistes russes » planait sur le continent nord-américain. L’achat de terres par Verigin n’est donc pas passé inaperçu et a suscité des suspicions, comme le relate un télégramme attribué à la Légion américaine. Ce message, au ton préoccupé, interrogeait la nature « désirable » ou non des Doukhobors, avant de conclure par une phrase lourde de sens : « Je serai heureux si vous prenez les mesures que vous jugerez nécessaires à ce sujet. »
Le doute persiste quant à la concrétisation de telles mesures, mais il faut aussi considérer la présence active du Ku Klux Klan en Colombie-Britannique dans les années 1920. Des lettres officielles ont en effet révélé qu’un chef identifié du KKK tentait de mobiliser la population locale, avec des discours empreints d’un patriotisme exacerbé qui ont sérieusement alarmé les autorités canadiennes.
Qu’il s’agisse d’une simple coïncidence ou d’une piste plus sombre, la présence du Ku Klux Klan dans la région suscite légitimement de nombreuses questions autour de l’assassinat de Peter Verigin, dont le mystère énergétiquement persiste un siècle plus tard.
Il est difficile de sous-estimer l’influence de Peter Verigin au sein de la communauté doukhobor. Appelé à juste titre « petit tsar », Verigin avait une capacité remarquable à orienter les décisions en sa faveur, détenant un pouvoir considérable sur le destin collectif du groupe. Une situation qui n’a certainement pas échappé au gouvernement soviétique.
Après la révolution de février, des discussions ont émergé sur la possibilité pour les Doukhobors de retourner en Russie. Réputés pour leurs compétences agricoles exceptionnelles, ils représentaient un atout majeur pour le nouveau régime russe. Verigin lui-même se montrait enthousiaste face à cette perspective.
Mais avec l’avènement de la révolution d’octobre et la montée des bolcheviks, Verigin changea radicalement d’avis et fit tout pour empêcher ce retour. Malgré cela, certains Doukhobors souhaitaient toujours regagner leur terre natale, tandis que les Soviétiques ne perdaient pas de vue l’importance stratégique de ces cultivateurs talentueux.
Verigin se dressait donc contre ces aspirations, ce qui faisait de lui un obstacle majeur. L’élimination de ce leader influent aurait pu bouleverser l’avenir des Doukhobors de manière spectaculaire.
Des pistes avancées par un comité local suggèrent même que les Soviétiques auraient tenté de dissimuler leur implication en accusant à tort le gouvernement canadien. Bien que cette hypothèse puisse paraître exagérée, elle révèle que l’Union soviétique demeure un suspect crédible dans ce mystère historique.
Il est tout à fait plausible que la mort de Peter Verigin ait été orchestrée de l’intérieur même de la communauté doukhobore, tant il comptait de détracteurs parmi ses pairs.
Dès les premiers temps de l’établissement des Doukhobors au Canada, plusieurs factions commencèrent à émerger. Les Indépendants, par exemple, s’étaient déjà séparés du groupe principal en enregistrant individuellement leurs propriétés auprès des autorités canadiennes. Ce geste, marquant leur allégeance à la Couronne, était fermement condamné par Verigin. Ces individus voyaient dans le Canada une terre de prospérité et reprochaient à leur leader de freiner leurs ambitions.
Par ailleurs, les Fils de la Liberté représentaient une branche radicale et puriste des Doukhobors. Ces zélotes, farouchement opposés à toute forme de modernité, exprimaient leur révolte à travers des manifestations violentes. Ils s’en prenaient aux propriétés, allant jusqu’à incendier la demeure de Verigin ainsi que les écoles bâties par la communauté. Leur mode de protestation incluait même des actes provocateurs tels que la nudité publique, un comportement rejeté avec véhémence par Verigin.
Enfin, même au sein des plus fidèles, la tentation du pouvoir et de la corruption existait. Le cercle rapproché de Verigin comprenait des gestionnaires détenant richesse et influence au sein de la commune. Leur soutien à Verigin dépendait directement de la manière dont il servait leurs intérêts. Il est donc concevable que certains aient vu en lui un obstacle à leur ascension ou qu’ils aient nourri des ambitions secrètes visant sa position de chef.

Photo : Thomas Veitch Simpson / Wikimedia Commons
Un acte de parricide ?

Parmi les théories les plus récentes entourant la mort de Peter Verigin, l’hypothèse qu’il aurait été assassiné par son propre fils suscite un certain intérêt. Avant son exil en 1887, Verigin était marié et père, mais il avait quitté sa famille, entretenant avec eux des rapports pour le moins fragiles.
Son fils, Peter Petrovich Verigin, également connu sous le nom de « Chistiakov », avait une personnalité violente : alcoolique, joueur et d’un tempérament brutal. Il manifestait ouvertement sa haine envers son père. Lors d’une visite au Canada en 1905, des témoins l’ont entendu s’élever contre Peter Verigin, le traitant de « voleur et bandit, menteur et tricheur », ainsi que d’ »ancien dépravé » obsédé par les jeunes filles.
Des témoignages de proches révèlent également ses menaces répétées de détruire l’œuvre paternelle, convaincu que son heure allait bientôt venir. Il fit en quelque sorte preuve de clairvoyance, puisque, à la mort de son père, Chistiakov fut rappelé au Canada pour prendre la tête des Doukhobors.
Avec une volonté manifeste de vengé ses ressentiments, il affirmait vouloir déshonorer l’héritage de Peter Verigin. Sous sa direction, la commune connue son déclin progressif pour finalement s’effondrer totalement en 1938. Qu’il ait été ou non l’assassin de son père, Chistiakov réussit à accomplir ses desseins destructeurs.
