Les civilisations détruites presque du jour au lendemain

par Zoé
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Les civilisations détruites presque du jour au lendemain
Bolivie, Grèce, Mexique, Égypte, France
Île de Pâques

La civilisation semble faire partie intégrante et permanente de notre existence. Elle était déjà bien établie lorsque nous sommes arrivés, ce qui invite à penser qu’elle perdurera sous une forme ou une autre, indéfiniment. Pourtant, tout étudiant d’histoire, même superficiel, sait que les civilisations — même celles qui ont dominé le monde — ont chuté à maintes reprises au fil des siècles, souvent en disparaissant presque totalement, ne laissant que des traces très ténues.

Dans la grande majorité des cas, ce déclin est un lent processus. Une succession de facteurs provoque un effritement culturel, des révolutions politiques et un effondrement économique. Cependant, lorsqu’une crise brutale et imprévue survient, cette décadence peut s’accélérer de manière fulgurante. Une civilisation ayant mis des siècles à s’établir peut ainsi disparaître presque du jour au lendemain, à tel point qu’il ne subsiste parfois quasiment rien attestant de son existence.

Les civilisations concernées ont toutes connu une période prospère. Leurs habitants ont apprivoisé la nature, fondé des familles, construit des cités et créé des cultures riches et dynamiques. Puis, sans prévenir, un événement les a anéanties instantanément, effaçant presque toute trace de leur passé.

Ruines de la ville de Tiwanaku

Avant que les Incas ne fondent leur propre empire historique, la cité de Tiwanaku prospérait à 4 000 mètres d’altitude, sur le territoire de l’actuelle Bolivie. Entre le 6e et le 11e siècle, cette ancienne métropole était un centre urbain florissant. Selon Live Science, elle comptait probablement près de 10 000 habitants, un nombre remarquable pour l’époque (à titre de comparaison, Londres ne dépassait guère les 18 000 habitants au XIe siècle).

Occupant plus de deux miles carrés, Tiwanaku bénéficiait d’un plan urbain régulier, témoignant d’une organisation avancée. Les fouilles archéologiques ont révélé que la cité exerçait une influence notable sur les régions environnantes. Sa grandeur est manifestée par les vestiges de grandes constructions, dont une imposante pyramide située en son centre.

Pourtant, de manière soudaine, cette cité fut abandonnée puis presque oubliée. L’explication la plus acceptée repose sur une sécheresse catastrophique qui aurait frappé la région, transformant un site jusqu’alors favorable à une grande civilisation en un lieu aride incapable de soutenir sa population. Le paléoclimatologue Lonnie Thompson a identifié de fortes variations des précipitations dans cette zone, parmi lesquelles des sécheresses ayant duré des décennies, voire des siècles. Ces épisodes climatiques coïncident précisément avec le déclin et la chute de Tiwanaku.

Éruption volcanique

La civilisation antique de Crète, souvent évoquée dans l’Œuvre d’Homère, l’Odysée, est régulièrement associée à la légendaire cité perdue de l’Atlantide. Selon National Geographic, cette civilisation, que les historiens modernes nomment les Minoens, a émergé dès 3000 avant notre ère et s’est imposée comme l’une des cultures les plus puissantes du monde antique.

Pourtant, cette civilisation florissante a disparu si totalement que son nom véritable demeure inconnu. « Minoen » est un terme contemporain inspiré du roi mythique Minos, célèbre pour le mythe du Minotaure. La cause principale de cet effondrement brutal ? L’éruption cataclysmique du supervolcan Théra, survenue aux alentours de 1600 avant notre ère. La puissance de cette explosion équivalait à celle de deux bombes atomiques et a anéanti sur-le-champ de nombreuses colonies minoennes proches.

Les conséquences ne se sont pas limitées au seul choc initial : des tsunamis ont dévasté les environs, les cieux ont été obscurcis par d’importantes quantités de cendres et de débris, provoquant un climat instable et extrême. Cette crise environnementale a conduit à la destruction de l’économie maritime, pilier du mode de vie minoen. Même si le noyau de cette civilisation avait subsisté, la disparition totale de leurs partenaires commerciaux a rendu toute renaissance impossible.

Pointe de lance de l'âge du bronze

Imaginez un instant une civilisation florissante qui s’effondre soudainement, complètement. Maintenant, projetez-vous à une époque où, presque simultanément, toutes les civilisations majeures de la Méditerranée orientale ont connu ce sort. C’est précisément ce qui s’est passé à la fin du 13e et au début du 12e siècle av. J.-C., lors de ce que les historiens appellent l’effondrement de l’Âge du bronze tardif.

Durant environ cinquante années, une série de crises imbriquées a frappé cette région interdépendante sur les plans politique, économique et culturel. Selon les recherches d’Eric Cline, spécialiste de l’Antiquité, ce fut une « tempête parfaite » de catastrophes coordonnées qui anéantirent successivement les sociétés de l’époque. Les populations n’avaient guère le temps de se remettre d’un choc avant d’être confrontées au suivant.

Alors que l’économie basée sur le bronze s’effritait avec l’émergence des nouvelles technologies, l’Égypte fut envahie par des clans guerriers connus sous le nom de « peuples de la mer », affaiblissant durablement l’État. La région subit une sécheresse majeure qui déstabilisa l’agriculture, rendant nombre de cités urbaines insoutenables. Cette crise climatique fut aggravée par des épidémies de peste. Par ailleurs, des séismes causèrent d’importants dégâts, tandis que des troubles politiques engendrèrent de nombreuses révoltes.

En quelques décennies, l’impact cumulatif de ces calamités provoqua l’effondrement complet de plusieurs grandes civilisations : les royaumes mycéniens, la Babylone, l’empire hittite, l’empire égyptien, ainsi que les cités d’Ougarit, d’Amorites, de Louviens et du Canaan. Beaucoup de villes furent alors définitivement abandonnées, marquant une rupture brutale et durable dans l’histoire de la Méditerranée antique.

La chute de l’Empire romain d’Occident face aux Goths

Le Colisée de Rome

Contrairement à l’image d’un déclin lent et inexorable qui aurait duré des siècles, la chute de l’Empire romain d’Occident fut en réalité une succession d’événements aigus et décisifs. Cette perception erronée vient souvent du fait que l’on considère l’Empire romain comme une entité homogène, alors qu’à partir du IVe siècle, il fut irrévocablement divisé en deux moitiés distinctes : l’Orient et l’Occident.

Ce morcellement engendra deux réalités très différentes. L’Empire d’Orient, plus stable et cohérent, deviendra plus tard ce que les historiens nomment l’Empire byzantin, bien que ses habitants se considéraient toujours comme Romains. En revanche, l’Empire romain d’Occident s’avéra beaucoup plus fragile et vulnérable face aux multiples pressions internes et externes.

Le facteur déclencheur de sa chute fut une crise migratoire majeure. Les Goths, un peuple germanique longtemps en conflit avec Rome, fuyaient l’invasion des redoutables Huns. Ils négocièrent un accord courant à l’époque : en échange de leur installation sur le territoire romain, ils s’engageaient à devenir des citoyens loyaux et à fournir des soldats pour l’armée impériale.

Cependant, la corruption et l’incompétence des responsables romains en charge de ces installations suscitèrent rapidement un retournement de situation. Face à des conditions dégradantes, les Goths se rebellèrent. Déjà présents à l’intérieur des frontières de l’Empire, ils lancèrent une offensive dévastatrice, qui culmina avec le sac de Rome en 410, un événement qui marqua profondément les esprits et symbolise aujourd’hui la fin de la puissance romaine en Occident.

Après cette date, même si des empereurs occidentaux continuèrent d’exister officiellement, le véritable contrôle échappa à Rome. Les Goths prirent le pouvoir, signant la disparition quasi instantanée de l’Empire romain d’Occident. Une manière brutale mais radicale pour une civilisation millénaire de s’effondrer presque du jour au lendemain.

Pyramide Maya

L’Empire maya demeure un mystère fascinant. Pendant des siècles, il a prospéré sur un vaste territoire englobant le Mexique et l’Amérique centrale, érigeant de grandes cités vibrantes et soutenant une population atteignant près de 20 millions d’individus à son apogée.

Pourtant, en l’espace d’environ cent ans, cet empire s’effondra totalement, dispersant ses habitants à travers la région tandis que ses villes sombraient dans l’abandon et la ruine. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer cette disparition soudaine d’une civilisation aussi puissante et avancée.

En 2005, l’historien et anthropologue Jared Diamond a émis l’hypothèse qu’une longue sécheresse aurait privé les Mayas de leurs ressources, les contraignant à quitter leurs villes pour s’installer en milieu rural. Cette théorie trouve aujourd’hui un soutien scientifique, notamment grâce à des études évoquées dans la revue Smithsonian.

Les analyses des données archéologiques révèlent une période sévère de sécheresse coïncidant avec le déclin accéléré des Mayas. Parallèlement, cette civilisation procédait à une déforestation intense afin de libérer des terres agricoles et alimenter ses chantiers de construction.

On suppose que cette déforestation rapide a considérablement aggravé les effets de la sécheresse, conduisant à des échecs massifs des récoltes. Face à la pénurie alimentaire, les populations désertèrent leurs splendides cités à la recherche de lieux où leur survie serait possible.

Ce phénomène a transformé l’Empire maya en une véritable diaspora, un processus qui s’étala sur quelques décennies et marqua la fin de cette grande civilisation.

Site archéologique des ruines de la civilisation de la vallée de l’Indus à Harappa au Pakistan

Parmi les civilisations antiques, celle de la vallée de l’Indus est un exemple frappant de la manière dont une série de crises graves peut précipiter l’effondrement quasi soudain d’un empire florissant. S’étendant sur une vaste région aujourd’hui comprise entre le Pakistan, l’est de l’Afghanistan et le nord-ouest de l’Inde, cette civilisation prospérait depuis plus de huit mille ans.

Toutefois, entre 1800 et 1700 avant notre ère, elle a quasiment disparu en l’espace d’un siècle, ne laissant derrière elle que des traces culturelles sans qu’un centre urbain organisé ne subsiste. Les recherches récentes publiées dans la revue Nature réfutent l’idée d’un « effondrement » brutal. Selon ces études menées à l’Institut indien de technologie de Kharagpur, la civilisation de la vallée de l’Indus fut plutôt victime d’une « désurbanisation » progressive provoquée par une sécheresse intense et des famines consécutives.

Ces épisodes climatiques extrêmes ont entraîné l’échec des récoltes, forçant la population à fuir les villes. Simultanément, les habitants ont modifié leurs pratiques agricoles, remplaçant leurs cultures habituelles par des plantes plus résistantes à la sécheresse, comme le riz. Toutefois, ces cultures moins productives ne pouvaient soutenir la densité importante des centres urbains, ce qui contribua à l’abandon des villes et à la dispersion des populations dans des zones rurales.

Cette évolution illustre un mécanisme fatal aux grandes civilisations : lorsque les ressources alimentaires deviennent insuffisantes, c’est l’équilibre même de la société qui est mis en péril. La vallée de l’Indus nous rappelle ainsi comment les crises environnementales, en impactant la production agricole, peuvent fragiliser et finalement dissoudre en quelques générations ce que l’on croyait pourtant durable.

Moai sur l'île de Pâques

Tout le monde connaît trois faits simples à propos de l’île de Pâques : c’est une île isolée, elle est parsemée d’énormes têtes de pierre sculptées, et la population autochtone a détruit sa propre civilisation en déboisant entièrement l’île en quelques décennies. Lorsque le capitaine Cook y arriva en 1774, il ne rencontra que quelques centaines de survivants désespérés.

Cependant, bien que la civilisation des Rapa Nui se soit effondrée brutalement, la cause de ce déclin rapide ne serait pas due uniquement à une déforestation volontaire et irréfléchie par des agriculteurs pratiquant le brûlis, mais plutôt à une invasion de rats affamés.

Les anthropologues Terry Hunt et Carl Lipo avancent dans leur ouvrage The Statues that Walked que les arbres de l’île ne sont pas morts à cause d’une coupe ou d’un incendie massif, mais parce que des rats, arrivés à bord des pirogues des habitants, se sont attaqués aux racines des arbres. Ces rongeurs, sans prédateurs sur l’île, ont vu leur population croître de façon exponentielle grâce à une nourriture abondante et une absence de contrôle naturel.

Selon leurs recherches, la population de rats pouvait doubler tous les 47 jours, ce qui signifie que plusieurs millions de rats ont envahi l’île en quelques années seulement. Dans ces conditions, les arbres étaient condamnés à disparaître.

Il est probable que les Rapa Nui ont survécu un temps en consommant ces rats. Néanmoins, malgré cette adaptation alimentaire, leur civilisation ne s’en est pas remise et a quasiment disparu en l’espace de quelques décennies.

Église de Hvalsey au Groenland

Les Vikings ont débarqué au Groenland à la fin du Xe siècle, lorsque Erik le Rouge arriva avec quatorze navires longs et décida de s’y établir durablement. Pendant plusieurs siècles, ces colons scandinaves prospérèrent dans cette région isolée. Des correspondances datant du début du XVe siècle témoignent d’une colonie qui semblait florissante jusqu’en 1424. Toutefois, seulement quelques années plus tard, les Vikings avaient disparu, leurs établissements complètement abandonnés.

Cette disparition reste un mystère pour les historiens, mais l’archéologue Thomas McGovern avance une hypothèse fondée sur deux crises majeures. Tout d’abord, les Vikings s’installèrent durant une période anormalement chaude, qui rendait possible à la fois le voyage maritime vers le Groenland et la pratique de l’agriculture. Cette phase précéda ce que l’on nomme la Petite Ère glaciaire, un refroidissement qui inversa ces conditions favorables.

Parallèlement, l’économie locale dépendait principalement de l’ivoire de morse, une ressource dont la valeur déclina brutalement. Cette baisse s’explique par l’émergence de sources d’ivoire de meilleure qualité, accessibles grâce aux explorations et à l’expansion des échanges maritimes mondiaux. En d’autres termes, la colonie fut confrontée à la transition d’une économie locale à une économie globalisée, où elle ne pouvait rivaliser.

Confrontés à un climat rigoureux rendant leur territoire plus inhospitalier et isolé, et privés de leur principal atout commercial, les Vikings du Groenland furent contraints de quitter les lieux en seulement quelques années. Ce cas illustre à quel point les civilisations peuvent être fragiles face à des changements environnementaux et économiques soudains.

À une époque où nous anticipons tous que des drones nous livrent notre café matinal, il est difficile d’imaginer qu’un jour, le seul moyen de transporter des marchandises d’une région du monde à une autre se faisait exclusivement par voie terrestre. La route de la Soie incarnait ce réseau de routes commerciales, et de nombreuses civilisations y ont prospéré, tirant leur subsistance des caravanes de marchands qui parcouraient ces sentiers. Le royaume de Niya fut l’une de ces sociétés cosmopolites, centrée autour de la ville éponyme. Au IIIe siècle, Niya était une société florissante et influente. Puis, soudainement, Niya disparut.

Lorsqu’elle fut redécouverte au début du XXe siècle, les fouilles révélaient que les habitations renfermaient encore des outils et des denrées alimentaires parfaitement conservées, comme l’a rapporté Li Xiguang dans son ouvrage Niya : Paradise Regained. La cité, enfouie sous plusieurs siècles de sable, semblait avoir été abandonnée sans précipitation, sans signe d’effroi ou de catastrophe imminente. Cette absence de traces d’une destruction violente suggère que la crise à l’origine de la chute du royaume fut d’ordre économique plutôt que militaire ou naturelle.

En effet, le déclin de la route de la Soie, lié à l’émergence des voies maritimes, a progressivement isolé Niya, puisque cette cité sans accès direct à la mer dépendait entièrement du commerce terrestre. La raréfaction des caravanses a conduit à un épuisement des ressources et, en conséquence, à un exode progressif de la population en quête de meilleures opportunités ailleurs. Ce cas illustre parfaitement comment l’évolution des routes commerciales peut entraîner l’effondrement rapide d’une civilisation jadis prospère.

Ruines de Niya

Vestiges de l'ancienne Carthage

L’Empire romain perdure dans notre imaginaire grâce à son étendue, son influence durable sur notre culture, et sans doute aussi à la mode des toges. Pourtant, il est facile d’oublier que pour que Rome prospère, de nombreuses autres civilisations ont dû disparaître ou être absorbées en tant que colonies versant des impôts.

Lorsque Rome n’était encore qu’une république en phase d’expansion économique et militaire, l’une de ses plus redoutables rivales fut la cité de Carthage, située en Afrique du Nord. Vous vous souvenez probablement d’Hannibal et de ses éléphants traversant les Alpes ? C’était l’épisode marquant de Carthage. Durant un siècle, Rome et Carthage s’affrontèrent au cours des trois guerres puniques pour le contrôle de la Méditerranée.

Après la Deuxième Guerre Punique, Carthage perdit définitivement son statut de puissance majeure, mais Rome nourrissait toujours une soif de destruction. Le sénateur romain Caton l’Ancien terminait en effet chacun de ses discours par la célèbre phrase : « Je suis d’avis que Carthage doit être détruite. »

Quand Carthage entra en conflit avec un allié de Rome, celle-ci déclara une nouvelle fois la guerre. La Troisième Guerre Punique scella le sort de Carthage. La ville fut assiégée : la famine décima ses habitants et, selon l’historien Richard Miles, les survivants furent réduits en esclavage tandis que la cité fut réduite en cendres.

Caractérisée par une grandeur s’étalant sur plusieurs siècles, cette civilisation disparut en l’espace d’environ cinq ans, un effondrement brutal. Fait surprenant, la Troisième Guerre Punique ne fut officialisée comme terminée qu’en 1985, lorsque les maires de Rome et Carthage signèrent un accord mettant fin symboliquement au conflit.

Calendrier aztèque

L’effondrement de l’Empire aztèque demeure l’un des épisodes les plus spectaculaires de l’histoire enregistrée. En 1519, lors de l’arrivée d’Hernán Cortés au Mexique, l’empire comptait environ 25 millions d’habitants. Un siècle plus tard, l’Empire aztèque avait pratiquement disparu, ne laissant qu’environ un million de personnes.

Contrairement à l’idée reçue glorifiant la supériorité militaire espagnole, c’est en réalité une série d’épidémies qui s’est abattue sur la population aztèque et a causé la mort de dizaines de millions d’individus en quelques décennies. Selon les analyses modernes publiées dans la revue Nature, une souche de Salmonella importée par les Espagnols serait à l’origine de cette catastrophe sanitaire.

Privés d’immunité naturelle face à ce nouveau pathogène, les Aztèques ont été ravagés. Les fouilles archéologiques révèlent que jusqu’à 80 % de la population aurait succombé à cette maladie. Bien sûr, les combats et la violence des conquistadors n’ont pas arrangé la situation, mais il est fascinant d’imaginer combien l’histoire aurait pu être différente si les Aztèques avaient résisté à cette épidémie.

Après le départ des Romains, la Grande-Bretagne succombe à une peste

Stonehenge

Il est facile d’oublier que la Grande-Bretagne a cessé d’être gouvernée par ses habitants très, très longtemps auparavant. Lors de la tentative peu déterminée de Rome pour conquérir l’île, ce sont les chefs de guerre celtiques — autrement dit les Brittons — qui constituaient leur principale opposition. Lorsque Rome abandonne l’île, les Brittons renoncent aux villes pour se replonger dans leurs terres ancestrales, unis par un intérêt commun : empêcher les envahisseurs païens Angles et Saxons — aujourd’hui appelés les Anglais — établis en Anglia et au Kent, de s’installer.

Cependant, comme le souligne l’historien John Morris, alors même que les Brittons tentaient de préserver leur culture dans le sillage de la domination romaine, Rome leur infligea un dernier coup fatal par l’intermédiaire de la peste de Justinien. Cette épidémie, baptisée ainsi d’après l’empereur Justinien, éclata à Constantinople en 541, se propagea vers l’ouest et atteignit la Grande-Bretagne quelques années plus tard.

Les Brittons, qui commerçaient abondamment avec le continent européen, furent dévastés par cette maladie. En revanche, les Angles et Saxons — moins liés aux échanges commerciaux avec l’Europe — échappèrent à l’épidémie. Face à l’absence de résistance lors de leurs raids, ils saisirent cette opportunité pour envahir le territoire.

Ainsi, en l’espace de quelques années, la Grande-Bretagne devint anglo-saxonne, au point que la culture florissante des Brittons fut presque totalement effacée. Ce bouleversement illustre à quel point une crise sanitaire peut précipiter la chute et la transformation rapide d’une civilisation.

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