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Sort des principaux dirigeants confédérés après la guerre
Par Brian Boone — 17 nov. 2025

Quatre années peuvent sembler longues pour une guerre, et très courtes pour l’existence d’un État. Pourtant, 1861 et 1865 marquent le début et la fin du conflit qui opposa le gouvernement fédéral des États‑Unis aux États du Sud, alors partis de l’Union pour constituer les États confédérés d’Amérique.
- Les raisons du conflit étaient multiples : questions économiques, désir d’indépendance, débats sur la démocratie et la relation entre États souverains et gouvernement fédéral.
- Au cœur de ces tensions se trouvait cependant l’esclavage : l’Union cherchait à en freiner l’expansion, tandis que la Confédération entendait le maintenir.
L’ère de la Reconstruction fut une période profondément chaotique et douloureuse. Dans la décennie qui suivit la fin des combats, les hostilités se poursuivirent sous des formes politiques, philosophiques et personnelles.
Le gouvernement fédéral victorieux dut affronter un dilemme : comment panser les plaies laissées par une guerre dévastatrice, et comment traiter les sécessionnistes, sympathisants et hauts responsables civils et militaires du gouvernement défaillant ?
À la fin, la plupart des figures majeures de la Confédération (à l’exception de celles mortes au combat) furent retrouvées et sommées de répondre de leurs actes avant de pouvoir reprendre une vie civile. La section suivante détaille le sort réservé aux principaux dirigeants confédérés dans les années qui suivirent la guerre.
Jefferson Davis

Parmi les dirigeants confédérés après la guerre civile, la trajectoire de Jefferson Davis illustre une transition brutale d’homme d’État fédéral à chef d’un gouvernement dissous. Avant la scission qui mena à la création des États confédérés, Davis servait les intérêts des États-Unis : il combattit pendant la guerre américano‑mexicaine, siégea brièvement à la Chambre des représentants et fut nommé secrétaire à la Guerre en 1853 par le président Franklin Pierce.
En tant que sénateur du Mississippi, Davis chercha d’abord des compromis politiques alors que la sécession devenait inévitable. Quand son État quitta l’Union, il abandonna son siège et, fort de son expérience politique, fut élu par le Congrès confédéré président des États confédérés en 1861 pour un mandat de six ans. Quatre ans plus tard, cependant, le pays qu’il dirigeait n’existait plus.
À la chute de Richmond, Davis prit la fuite pour échapper aux troupes de l’Union, mais fut capturé en Géorgie cinq semaines plus tard. Incarcéré pendant deux ans, il fut finalement libéré en 1867 après qu’un groupe d’Unionistes eut payé sa caution. Il voyagea ensuite au Canada, à Cuba et en Europe avant que les autorités ne le poursuivent pour trahison à la fin de 1868.
- Arrestation en Géorgie et détention pendant deux ans.
- Libération en 1867 après versement d’une caution.
- Voyages au Canada, à Cuba et en Europe.
- Poursuites pour trahison engagées fin 1868, sans condamnation définitive.
- Retraite dans une propriété du Mississippi et rédaction de ses mémoires.
- Tentative avortée de retrouver son siège au Sénat, empêchée pour des raisons légales liées à son rôle pendant la guerre.
- Décès en 1889.
Cette succession d’événements — arrestation, procès avorté et retrait — éclaire le sort complexe des dirigeants confédérés après la guerre et leur difficile réinsertion dans une nation en reconstruction.
Alexander H. Stephens

Pour saisir le sort des dirigeants confédérés après la guerre civile, le parcours d’Alexander H. Stephens illustre les tensions entre modération politique et conséquences de la sécession.
Originaire de Géorgie, Stephens était déjà une figure nationale : élu à la Chambre des représentants des États-Unis en 1843 après avoir siégé dans les instances législatives de son État. Il soutint fréquemment les positions en faveur des droits des États ainsi que des compromis qui retardèrent, mais ne purent empêcher, la guerre civile.
Sa réputation de modération expliqua en partie son choix comme vice‑président des États confédérés : on espérait que sa stature rassurante faciliterait l’adhésion des États frontaliers à la confédération.
- En 1865, après avoir tenté de négocier un armistice avec le gouvernement fédéral, il fut arrêté et emprisonné à Fort Warren, près de Boston.
- Cinq mois plus tard, il obtint une grâce présidentielle d’Andrew Johnson et chercha aussitôt à reprendre une carrière politique.
Ses tentatives de retour furent heurtées : élu au Sénat américain en 1866, il se vit refuser son siège. Il réintégra toutefois la Chambre des représentants en 1873 et passa les années intermédiaires à rédiger plusieurs ouvrages, dont un récit de ses manœuvres politiques pendant la guerre et un livre d’histoire des États‑Unis.
En 1883, à 71 ans, il mourut quelques mois seulement après avoir été investi comme gouverneur de Géorgie. Son itinéraire reste représentatif des défis auxquels furent confrontés les dirigeants confédérés après la guerre civile, entre condamnation, amnistie et tentative de réinsertion politique.
Robert E. Lee

Poursuivant le portrait des dirigeants confédérés après la guerre civile, Robert E. Lee incarne le dilemme personnel et militaire qui a marqué de nombreux officiers sudistes. Officier de carrière né en Virginie, il s’était distingué comme capitaine pendant la guerre américano‑mexicaine dans les années 1840 et avait réprimé l’insurrection de John Brown à Harpers Ferry en 1859. Lorsque la sécession devint imminente, il refusa le commandement proposé des forces de l’Union et démissionna de l’armée américaine en 1861 pour prendre la tête des forces armées de la Virginie.
- Devenu l’esprit militaire principal et le général en chef pour la Confédération, il conseilla également le président Jefferson Davis et participa à de nombreuses batailles déterminantes.
- En avril 1865, au nom de l’Armée de Virginie du Nord et de la Confédération, Lee se rendit au général de l’Union Ulysses S. Grant à Appomattox Court House, marquant la fin effective de sa campagne militaire.
- Son grade élevé l’exclut de l’amnistie initiale proclamée par le président Andrew Johnson en mai 1865 ; il signa toutefois un serment d’amnistie en octobre de la même année.
Il ne reçut jamais de pardon complet et sa citoyenneté ne lui fut rendue qu’à titre posthume, en 1975. Ces développements témoignent des tensions juridiques et symboliques auxquelles furent confrontés les dirigeants confédérés après la guerre civile.
Dans les mois qui suivirent la reddition, Lee témoigna devant le Congrès sur les relations raciales : il soutint l’accès des personnes noires à l’instruction, tout en s’opposant à l’octroi du droit de vote. Après que sa maison et sa plantation en Virginie eurent été réquisitionnées pendant la guerre, il passa le reste de sa vie à la tête du Washington College en Virginie, poste qu’il conserva jusqu’à sa mort en 1870.
La trajectoire de Lee — du commandement militaire à une influence publique atténuée après la reddition — éclaire la complexité du processus de Reconstruction et la manière dont les anciens leaders confédérés furent traités politiquement et socialement.
Judah P. Benjamin

Surnommé « le cerveau de la Confédération », Judah P. Benjamin, sénateur de Louisiane, démissionna en 1861 pour rejoindre le gouvernement confédéré. Il fut nommé procureur général, puis occupa successivement les postes de secrétaire à la Guerre et de secrétaire d’État, devenant de facto le principal conseiller du président Jefferson Davis.
Benjamin fut souvent tenu pour responsable des erreurs stratégiques commises par l’administration, notamment la perte de positions clés comme la capture de Roanoke Island (Caroline du Nord). Malgré des tentatives de rappel, il changea de portefeuille à plusieurs reprises et resta en poste jusqu’à ce que ses activités de haut niveau prennent fin en 1864.
Lors d’un discours au Sénat confédéré en 1864, il proposa une mesure radicale pour l’époque : affranchir des personnes réduites en esclavage, les armer et les engager sur les lignes de front. L’idée, bien que pragmatique face à la pénurie de soldats, fut rejetée par la direction confédérée.
À mesure que les forces de l’Union progressaient, Benjamin et d’autres responsables de l’administration Davis se déplacèrent à travers le Sud. Après l’assassinat d’Abraham Lincoln, le secrétaire d’État William Seward examina son rôle éventuel dans le complot ; des éléments laissaient entendre qu’il avait participé à un réseau d’espionnage confédéré lié à des individus tels que John Wilkes Booth.
Plutôt que d’affronter des poursuites, Benjamin quitta les États-Unis pour l’Angleterre, où il vécut sous le nom supposé de Philippe Benjamin et exerça la profession d’avocat jusqu’à sa mort en 1884. Son destin illustre le sort contrasté des dirigeants confédérés après la guerre civile et la façon dont certains cherchèrent refuge et réinvention à l’étranger.
- Postes principaux : procureur général, secrétaire à la Guerre, secrétaire d’État.
- Considéré comme le conseiller principal de Jefferson Davis.
- Exil en Angleterre et carrière d’avocat jusqu’en 1884.
Christopher Memminger

Poursuivant notre examen des dirigeants confédérés après la guerre civile, Christopher Memminger se distingue comme l’un des principaux architectes des institutions du Sud sécessionniste. Avocat et théoricien politique, il rédigea en substance le texte qui affirmait la primauté des droits des États et défendait ouvertement l’esclavage, principes inscrits dans la Constitution confédérée.
Député à l’assemblée de Caroline du Sud, Memminger avait acquis une réputation de défenseur du nullification séparatiste avec son ouvrage The Book of Nullification. Sa position lui permit de jouer un rôle déterminant à la Convention de Sécession de la Caroline du Sud, contribuant à faire de cet État le premier à rompre avec l’Union, et à rendre la guerre inévitable.
Comme secrétaire au Trésor des États confédérés, il dut affronter des contraintes financières aiguës : l’administration naissante manquait d’une monnaie stable et l’économie était étranglée par un blocus américain qui empêchait l’exportation du coton, principale ressource monétaire du Sud.
- Gracié par le président Andrew Johnson en 1867 pour ses activités durant la guerre.
- De retour à l’assemblée de Caroline du Sud, il présida le comité des Ways and Means pour contribuer à restaurer le crédit de l’État ravagé par le conflit.
- Il devint commissaire des écoles publiques de Charleston et milita pour une éducation obligatoire, sans distinction de race.
- Promoteur d’infrastructures, il réclama la construction d’un chemin de fer pour relier les régions disséminées de l’État, puis en prit la présidence.
- Christopher Memminger mourut en 1888.
La trajectoire de Memminger — de théoricien de la nullification à administrateur public engagé dans la reconstruction économique et éducative — illustre les paradoxes des dirigeants confédérés après la guerre civile, oscillant entre responsabilités passées et efforts de réintégration dans une société transformée.
John H. Reagan

Poursuivant l’examen des dirigeants confédérés après la guerre civile, John H. Reagan occupe une place particulière parmi les figures du Texas. Avocat, juge et homme politique, il siégeait au Congrès des États-Unis depuis 1857 et militait d’abord pour le maintien de l’Union, avant de se rallier à la sécession après le raid de Harpers Ferry.
Représentant le Texas au sein du Congrès confédéré, Reagan fut rapidement nommé par Jefferson Davis au poste de postmaster general, un rôle crucial en temps de guerre puisqu’il assurait le maintien des principales communications entre les États et les armées.
En mai 1865, il fut arrêté par les troupes de l’Union en Géorgie, aux côtés de Jefferson Davis et de l’ancien gouverneur du Texas Francis Lubbock, puis incarcéré pendant 22 semaines en cellule d’isolement au fort Warren, près de Boston. Pendant sa détention, il adressa une lettre ouverte largement diffusée au peuple du Texas, les enjoignant à rejeter l’esclavage et la Confédération et à reconnaître l’autorité du gouvernement fédéral dirigé par le parti républicain d’Abraham Lincoln.
De retour au Texas à la fin de 1865, il fut d’abord ostracisé sur le plan politique et social, mais parvint à regagner la confiance de l’électorat après avoir contribué à chasser le gouverneur républicain Edmund Davis en 1875. Sa carrière ultérieure se caractérise par des fonctions publiques retrouvées et de nouveaux mandats :
- Retour à la Chambre des représentants des États-Unis
- Élection au Sénat américain
- Direction de la Commission des chemins de fer du Texas
- Participation à la rédaction de la constitution révisée de l’État
Dernier membre survivant du cabinet confédéré, John H. Reagan s’éteignit d’une pneumonie à Palestine, au Texas, en 1905. Sa trajectoire, depuis l’engagement pour la sécession jusqu’à la réintégration politique, éclaire les complexités de la Reconstruction et le sort des dirigeants confédérés après la guerre civile.
Stephen Mallory

Parmi les dirigeants confédérés après la guerre civile, Stephen Mallory s’impose comme la figure centrale de la marine confédérée pendant tout le conflit. Sa connaissance des voies navigables et son expérience militaire expliquent en grande partie sa nomination au poste stratégique de secrétaire à la Marine.
Avant la guerre, Mallory avait accumulé une expérience diverse :
- fonctionnaire des douanes en Floride ;
- engagé dans l’armée américaine lors de la seconde guerre des Séminoles dans les années 1830 ;
- topographe ayant travaillé sur les Everglades ;
- élu au Sénat des États-Unis.
Après environ onze ans de mandat, il démissionna pour joindre la Confédération en 1861. Chargé de construire, avec des ressources très limitées, l’appareil administratif et la flotte de la marine confédérée, il dut concevoir une force capable de faire face à la marine américaine, bien plus richement dotée et organisée.
Après la défaite, Mallory passa près d’un an en prison avant d’être libéré sous parole. Interdit par la loi d’exercer des fonctions politiques jusqu’à sa grâce accordée par le président Andrew Johnson, il ouvrit un cabinet d’avocat en Floride. Dans l’espace public, il manifesta son opposition à l’octroi du droit de vote aux Afro-Américains. Stephen Mallory est décédé en 1873.
James Longstreet

Poursuivant notre examen des figures confédérées, James Longstreet occupe une place de premier plan parmi les officiers militaires. Dans l’Armée de Virginie du Nord, il n’était devancé que par Robert E. Lee et commandait lors de plusieurs affrontements décisifs de la guerre.
Longstreet participa à des batailles majeures telles que Manassas, les Seven Days Battles et la sanglante bataille de Gettysburg. Après un assaut qui ne permit pas de remporter la victoire contre les troupes de l’Union, il contribua néanmoins à une importante victoire confédérée à Chickamauga. Blessé par des tirs amis en Virginie, il revint au front juste à temps pour assister à la reddition de Lee et à la fin du conflit.
La fin de la guerre marqua un tournant politique et personnel pour Longstreet. Voici les étapes essentielles de sa carrière et de sa réinsertion :
- Après avoir combattu pendant quatre ans contre les armées du président Lincoln, il modifia ses positions et rejoignit le Parti républicain, soutenant des réformes et des mesures d’intégration dans le Sud.
- Installé à la Nouvelle-Orléans, il fit fortune dans le secteur des assurances et des chemins de fer.
- Ses positions pro-nordistes, exprimées notamment dans des éditoriaux, lui valurent l’hostilité de l’establishment démocrate du Sud.
- En 1875, il s’installa à Gainesville (Géorgie), acquit une ferme et un hôtel, occupa des fonctions politiques locales et servit également comme ambassadeur des États-Unis auprès de la Turquie.
- Un court passage comme marshal fédéral à Atlanta fut entaché par des accusations de corruption ; il fut congédié et se retira ensuite à sa ferme, où il vécut jusqu’à sa mort en 1904.
La trajectoire de Longstreet — du général confédéré au membre du Parti républicain et homme d’affaires — illustre la complexité des destins individuels après la guerre et éclaire le destin des dirigeants confédérés après la guerre civile.
George Pickett

Poursuivant notre panorama des dirigeants confédérés après la guerre civile, George Pickett est associé à l’un des épisodes les plus sanglants de la campagne de Gettysburg. En juillet 1863, la fameuse «charge de Pickett» fut l’une des rares tentatives d’invasion des États de l’Union : les soldats confédérés attaquèrent Cemetery Ridge à découvert et se heurtèrent à un feu d’une intensité meurtrière.
L’assaut ne dura guère plus d’une heure et fit des pertes considérables au Sud : environ 6 555 hommes périrent pendant cette manœuvre. Pickett commandait l’une des trois divisions qui subirent ces pertes écrasantes, événement qui marqua profondément sa carrière militaire et son image publique.
- Craignant des poursuites pour son rôle dans l’exécution de prisonniers de l’Union en 1864, Pickett quitta le pays après la reddition.
- Après avoir appris que le gouvernement n’intenterait pas de procès à son encontre, il regagna la Virginie et se réinséra dans la vie civile.
- Il exerça des activités d’assurance et d’agriculture, puis reçut une grâce du Congrès en 1874.
- Pickett s’éteignit l’année suivante, en 1875.
Ce parcours — du commandement sur le champ de bataille à une réinsertion discrète dans l’économie locale — illustre la diversité des destins des dirigeants confédérés après la guerre civile et les dilemmes juridiques et moraux qui accompagnèrent la Reconstruction.
Nathan Bedford Forrest

Dans l’examen des dirigeants confédérés après la guerre civile, Nathan Bedford Forrest apparaît comme une figure à la fois influente et profondément controversée. Avant la guerre, il avait accumulé une grande fortune grâce à la vente de coton, de terres et de personnes réduites en esclavage. Lorsque le conflit éclata, il s’engagea d’abord comme simple soldat, puis quitta son poste pour former et financer sa propre unité militaire.
Forrest reçut officiellement le grade de lieutenant-colonel et participa à plusieurs engagements notables. Ses actions militaires et sa progression de carrière peuvent se résumer ainsi :
- Combat à Fort Donelson, dont il réussit à s’échapper face à la reddition.
- Bataille de Shiloh, où il se distingua sur le champ de bataille.
- Promotion successives : brigadier puis major général.
- En 1864, attaque et massacre de Fort Pillow, où de nombreux soldats noirs survivants furent sommairement exécutés.
Après avoir présenté sa reddition à la fin de la guerre, Forrest continua de promouvoir l’idéologie raciste qu’il avait défendue. En 1868, il joua un rôle central dans la renaissance d’une organisation issue des anciens vétérans confédérés, devenant son premier dirigeant, dit « Grand Sorcier ». Sous sa direction, le groupe mena une campagne d’intimidation, de terreur et de violences destinée à empêcher les personnes anciennement réduites en esclavage d’exercer leur droit de vote.
Les actions de Forrest et des groupes similaires contribuèrent à une vague de violences électorales ayant fait plus de 3 000 victimes dans la période précédant les élections de 1868. L’organisation qu’il présida perdura sous diverses formes jusque bien dans le XXe siècle. Forrest est décédé en 1877, laissant un héritage marqué par la guerre, la violence et la traque des droits civiques.
Cette trajectoire illustre un exemple marquant parmi les dirigeants confédérés après la guerre civile, mêlant ascension militaire, enrichissement préalable au conflit et implication active dans la résistance à la Reconstruction.
George W. Randolph

Poursuivant l’examen des dirigeants confédérés après la guerre civile, le parcours de George Wythe Randolph mêle héritage politique, service militaire et déclin tragique. Né à Monticello, le domaine de Thomas Jefferson, Randolph était le petit‑fils du père fondateur et se forma d’abord dans la marine américaine avant d’obtenir un diplôme de droit à l’université de Virginie.
Répondant à la radicalisation des tensions en 1859 après l’insurrection de John Brown à Harpers Ferry, Randolph — alors membre du conseil municipal de Richmond — organisa un corps de volontaires. Au début de la guerre, il reçut une commission dans l’armée confédérée et, en 1862, fut nommé secrétaire à la guerre sous la présidence de Jefferson Davis.
- Conflits politiques : son mandat fut marqué par des désaccords fréquents avec Davis sur la conduite des opérations militaires, ce qui l’amena à démissionner au bout de huit mois.
- Exil temporaire : en novembre 1864, malade de tuberculose et en désaccord avec la direction politique, il quitta clandestinement l’Amérique à bord d’un navire de contrebande pour gagner l’Europe et éviter le blocus et d’éventuelles poursuites.
- Retour et déclin : après s’être fait prêter serment de fidélité, il revint aux États‑Unis en septembre 1866 ; un mois plus tard il perdit la parole, et six mois après son retour il succomba aux complications de la tuberculose dans la propriété familiale en Virginie.
La trajectoire de Randolph illustre bien la variété des destins qui attendirent les dirigeants confédérés après la guerre civile : entre réconciliation imposée, fragilité de la santé et tensions politiques, nombre d’entre eux durent réinventer leur place dans une nation recomposée.
Thomas Bragg

State Archives of North Carolina / Wikimedia Commons
Dans le récit des dirigeants confédérés après la guerre civile, la trajectoire de Thomas Bragg illustre un parcours politique long et mouvementé. Il gravit les échelons de la vie publique en Caroline du Nord sur plusieurs décennies, exerçant d’abord comme solicitor de comté puis comme représentant d’État. Élu gouverneur de 1855 à 1859, il se fit connaître par des réformes pratiques : l’extension du système bancaire de l’État et la modernisation des voies ferrées.
Parmi les étapes marquantes de sa carrière :
- Fonctions locales et législatives avant 1855.
- Gouverneur de Caroline du Nord (1855–1859) avec des projets d’infrastructures et financiers.
- Élection au Sénat des États-Unis en 1858, puis expulsion du Sénat en 1861 à la veille du conflit.
Lorsque la sécession et la guerre approchèrent, Bragg défendit avec force la thèse selon laquelle chaque État devait pouvoir décider de la légalité de l’esclavage. Après son exclusion du Sénat fédéral en 1861, le président confédéré le nomma rapidement procureur général pour remplacer Judah Benjamin.
Durant la Reconstruction, Bragg poursuivit la lutte idéologique contre les transformations en cours dans le Sud. Membre du Conservative Party, il s’opposa publiquement aux lois progressistes post-esclavage et dénonça l’intégration comme le fait d’un gouvernement « radical » hors de contrôle. En 1871, il dirigea un groupe d’avocats qui fit procéder à l’impeachment et à la condamnation du gouverneur de Caroline du Nord William Woods Holden, accusé d’avoir cédé à Washington en cherchant à enrayer le Ku Klux Klan.
Moins d’un an après cette affaire, Thomas Bragg mourut, laissant derrière lui un parcours qui reflète les tensions politiques et sociales de l’après-guerre.
