Les véritables origines surprenantes de la chevalerie

par Olivier
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Les véritables origines surprenantes de la chevalerie
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Les véritables origines surprenantes de la chevalerie

Il est temps de clarifier certaines idées reçues sur l’histoire. Les chevaliers n’étaient pas, je le répète, absolument pas, des combattants galants, nobles et justes qui emportaient des demoiselles en détresse pour les sauver du danger. Ils étaient souvent des brutes, comme l’explique l’histoire ; des mercenaires, membres d’une élite guerrière qui semait le chaos parmi les paysans, saccageant villages et fermes pour le plaisir. Cela rappelle la célèbre scène du film « Monty Python et le Saint Graal », où Lancelot (interprété par John Cleese) semi-enragé, perturbe un mariage en tuant des dizaines de personnes. Cette caricature illustre une réalité bien plus sombre.

Cependant, l’image du chevalier noble et courtois a survécu pour une raison, même si elle n’est pas ancrée dans les réalités historiques. Cette vision chevaleresque fait partie d’une campagne de propagande si profondément ancrée qu’elle a résisté pendant près de 800 ans. Cette tradition est connue sous le nom de « roman chevaleresque », un type de narration à son apogée, souvent pris pour argent comptant, comme l’explique l’histoire mondiale. Lancelot figure parmi les personnages les plus emblématiques de ce genre de récits.

Les romans chevaleresques étaient un genre littéraire à part entière, à l’instar des thrillers ou des récits de science-fiction contemporains. Ils étaient écrits dans le but explicite de rediriger la brutalité des militaires. Au lieu que l’Église impose aux chevaliers un code de conduite qui ne fonctionnait pas, les écrivains ont trouvé un moyen de réorienter leurs tendances destructrices vers quelque chose de plus raffiné.

Rich brutes with blades

Avant (et durant) le « Haut Moyen Âge » (1000 – 1300 après J.-C.), la noblesse médiévale était tout sauf les snobs raffinés que l’on pourrait imaginer issus de l’Angleterre victorienne du 19e siècle. Les aristocrates étaient des soldats, non des bureaucrates cachés derrière des pupitres. Les plus riches d’Europe étaient également les plus violents, ceux qui déclenchaient et participaient aux guerres. Pensez à un monde où tous les Marines modernes proviennent de familles de sénateurs ou de diplomates. À partir de la fin de l’Antiquité (3e – 7e siècles), il n’y avait tout simplement pas assez de temps et d’argent pour entraîner et équiper des armées permanentes constituées de paysans.

Si quelqu’un voulait grimper l’échelle sociale au Moyen Âge, il devait prêter allégeance à un comte, un duc ou même un roi, et en contrepartie, il recevait une formation militaire et un équipement (épée, armure, cheval), promettant de l’utiliser pour combattre. Au 13e siècle, ce métier est devenu héréditaire. Les nobles avaient pour tâche, en théorie, de protéger les gens… contre d’autres nobles. En effet, ce sont ces mêmes nobles qui déclenchaient les conflits.

Monk praying

L’Église a tenté de contenir ces chevaliers, comme l’indique l’histoire académique. En 989, des clercs réunis au Synode de Charroux, en France, ont proclamé la « Paix de Dieu » (Pax Dei), insistant pour que les militaires s’abstiennent d’infliger des blessures ou de voler les civils, y compris les paysans, les femmes enceintes, les personnes âgées, les enfants et les prêtres. Un point particulier concernait l’interdiction de frapper ou de voler les ânes.

La « Trêve de Dieu » fut annoncée par la suite. Institutionnalisée en 1027 et élargie dans les années 1030 et 1040, cette trêve interdisait aux nobles de se tuer mutuellement les dimanches et les jours saints. Drogo, évêque de Terouanne, écrivait en 1063 que la paix devait être maintenue chaque jour de la semaine à partir du début de l’Avent jusqu’à l’octave de l’Épiphanie, du début du Carême jusqu’à l’octave de Pâques, et pendant la période précédant la Pentecôte.

Des « livres de courtoisie », moins religieux, ont également été publiés pour encourager des comportements publics appropriés et des morales communes. Ces petites brochures, qui ont commencé à circuler au 12e siècle, contenaient des perles de sagesse telles que « Ne crachez pas sur la table » et « Ne mordez pas dans les os, car cela est réservé aux chiens. »

Toutes ces tentatives se sont révélées vaines. Elles étaient dialectiques, et les hommes à l’esprit enfantin armés de lames n’étaient pas prêts à accepter qu’on leur dicte leur conduite.

Painting of Sir Lancelot

Voici alors intervenir les écrivains de fiction médiévale. Ces auteurs ne recevaient pas de menaces par papes, mais s’inspiraient de contes d’amour courtois et d’exploits héroïques. Ces romans mettaient en scène des monstres, des demoiselles (les belles et célibataires), et des guerriers valeureux sillonnant le pays à la recherche de menaces et de personnes sans défense. Ils constituaient la carotte plutôt que le bâton. Ainsi, des conciles de l’Église priant d’être délivrés des chevaliers ont trouvé leur salut dans des personnages fictifs, parmi lesquels le roi Arthur, Guenièvre, Lancelot et les Chevaliers de la Table Ronde.

Devenir un grand chevalier, c’était faire preuve de considération envers les civils et, notamment, envers les femmes. Selon la propagande, les plus grands chevaliers étaient inspirés par l’amour d’une dame et souhaitaient l’impressionner par de grandes actions. Ce code, connu sous le nom de « chivalrie », tire son origine du même mot que « cavalerie », du français « cheval », qui signifie cheval. Les chevaliers, à l’origine, constituaient les cavaliers.

Au fil du temps, cette vision chevaleresque s’est mêlée à de la poésie du 19e siècle, permettant de forger notre perception moderne de l’amour romantique. Aujourd’hui, nous avons ainsi une image fictionnalisée de chevaliers galants, attachés à l’honneur. Plus séduisante, certes, mais aussi simpliste, cette vision semble satisfaisante à ceux qui rêvent encore d’héros idéalisés. Et il est tout aussi pertinent d’imaginer que le roi Arthur a reçu Excalibur de la Dame du Lac.

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