Pourquoi le cheval est-il évité dans nos assiettes en France

par Zoé
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Le véritable motif de notre évitement de la viande de cheval

Dans différentes cultures à travers le monde, la consommation de viande de cheval présente des pratiques variées. Au Japon, elle est finement tranchée en sashimi, parfois appelée « viande cerise » en raison de sa couleur délicate. En Sicile, elle est souvent moulue en boulettes de viande ou grillée sous forme de steaks fins, consommée dans des ruelles de villes comme Catane. À Tonga, on la savoure dans du lait de coco. En Allemagne du Sud et en Autriche, on la trouve sous forme de leberkäse, une sorte de saucisse tendre tranchée. Même au Canada francophone, les restaurants spécialisés dans la viande de cheval sont prisés pour sa saveur sombre et minérale.

La viande de cheval suscite de vives réactions, étant le centre d’un tabou alimentaire dans de nombreuses cultures, notamment dans les pays anglophones, où elle est souvent considérée comme répugnante ou, au mieux, comme un aliment misérable d’étrangers peu raffinés. La question demeure : pourquoi la viande de cheval est-elle si controversée ? Est-ce une question de familiarité, de culpabilité vis-à-vis des animaux domestiques adorés ou un ancien tabou culturel ?

Ce tabou alimentaire remonte loin dans l’histoire. En 732, le Pape Grégoire II écrivait à Saint Boniface, qui prêchait la foi catholique parmi les païens germaniques, lui enjoignant de proscrire la consommation de chevaux, qualifiée de « coutume sale et abominable ». Cette phrase souligne que le tabou entourant le cheval était déjà bien ancré au VIIIe siècle et variait selon les cultures.

La notion de tabou, qui confère à certains aliments une aura sacrée ou redoutable, est étudiée dans des œuvres comme « Le Rameau d’Or » de Sir James Frazer. Il y soutenait que redouter ou mépriser un animal spécifique provenait d’une forme de vénération, où même les animaux souvent qualifiés d’impurs étaient à l’origine considérés comme sacrés.

Ce thème du tabou continue d’exister. Dans la Grande-Bretagne ancienne, il était même interdit de prononcer le nom du cheval, et plusieurs cultures d’Europe du Nord partageaient des interdits similaires concernant d’autres animaux comme l’ours. La légende des jumeaux légendaires, souvent associés aux chevaux, est un motif récurrent dans les récits d’anciennes nations. Des figures comme Horsa et Hengist, princes saxons, symbolisent à la fois la fondation de territoires et l’importance des chevaux dans la culture.

Dans le cadre moderne, le tabou de la viande de cheval perdure. Alors que certains pays ont commencé à abandonner leurs anciennes réticences pour des raisons pragmatiques, des rumeurs d’hommes de viande de cheval vendus comme viande de bœuf ont ravivé les vieilles peurs aux États-Unis, particulièrement dans les années 1890. Bien que des périodes comme la Seconde Guerre mondiale aient temporairement modifié les perceptions, et que les discussions autour de la vente de mustangs en Amérique aient pris de l’ampleur, le tabou semble avoir la prépondérance.

Cela nous laisse face à un mystère culinaire : pourquoi les Américains et de nombreux Français continuent-ils à éviter la viande de cheval ? Qu’il s’agisse de respect pour ces animaux ou de réticences culturelles ancrées, la viande de cheval reste un sujet de débat, interrogeant les choix alimentaires et la symbolique qui en découle.

Enfant avec un cheval

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