Samuel Little est peut-être le tueur en série le plus prolifique de l’histoire des États-Unis. Bien qu’il ait été officiellement condamné pour quatre meurtres, il a revendiqué en avoir commis jusqu’à 93. Les procureurs ont lié Little à au moins 60 homicides, soulignant l’ampleur tragique de sa violence.
Dans les derniers mois avant sa mort en décembre 2020, victime de complications liées à la maladie et à son âge avancé, Samuel Little développa une relation inattendue avec Jillian Lauren, une journaliste de New York. Ce lien, né d’une volonté professionnelle d’enquêter sur l’histoire, s’est transformé en une improbable amitié, où Lauren a pu découvrir l’homme derrière les crimes épouvantables.
Lors de leur première rencontre en août 2018 à la prison d’État de Californie, dans le comté de Los Angeles, Jillian Lauren avait pour objectif d’obtenir des informations exclusives. Pour encourager Samuel Little à se confier, elle usa d’une stratégie simple mais efficace : lui offrir des en-cas. Posant des paquets de biscuits « Little Debbie » et de chips « Funyuns » entre eux, elle réussit à briser la glace avec cet homme malade et vieillissant.
Plus tard, Little tenta même de négocier l’achat d’une télévision en échange de révélations, mais Lauren ne céda pas à ce marchandage. Malgré cela, le tueur finit par s’ouvrir, révélant peu à peu des détails sur sa vie et ses crimes.
Au fil des visites, un respect mutuel s’installa entre le meurtrier et la journaliste. Riley se montra souvent amical, jovial, voire légèrement déférent envers Lauren, qu’il appelait affectueusement « Little Miss ». Cette complicité troublante détonnait face à la gravité des crimes commis.
Lors d’une conversation, Lauren aborda directement la nature des victimes préférées de Little : des femmes vulnérables, souvent toxicomanes ou prostituées. Samuel Little expliqua qu’il n’avait jamais ciblé « des femmes intelligentes comme elle » ni des figures publiques telles que politiciens ou journalistes. Ce point est d’autant plus poignant que Lauren elle-même avait, par le passé, exercé comme travailleuse du sexe, ce que le tueur ignorait.
Cependant, cette relation ne fut pas exempte de tensions. Lors d’un entretien, leur conversation dévia vers des questions délicates, notamment sur la culpabilité et la nécessité d’expiation. Samuel Little, piqué dans son orgueil, répondit par des gestes menaçants et un comportement intimidant, rappelant le monstre qu’il avait été. Ce moment de tension marqua une limite dans leur rapport et coupa court à certains échanges.
À l’automne 2020, Jillian Lauren pressentait que les jours de Samuel Little étaient comptés. Elle lui rendit visite en octobre pour ce qui s’avéra être leur dernier échange. Lors de cette entrevue, Little lui demanda s’il était jugé par elle, une question à laquelle Lauren répondit par la négative. Le tueur évoqua alors sa propre quête de compréhension face au divin, demandant à Lauren de lui écrire si elle trouvait des réponses.
Samuel Little est décédé le 30 décembre 2020, probablement des suites de complications liées à son diabète et à une maladie cardiaque ajoutées à son grand âge. Jillian Lauren a depuis écrit plusieurs ouvrages, y compris un livre à venir intitulé Behold the Monster, qui explore sa relation avec Little et le destin de ses victimes, qualifiées par elle de « femmes oubliées de la société ».
Elle a également expliqué que, d’une certaine manière, elle avait été la dernière victime de Little, en ce que sa propre histoire de toxicomanie et de prostitution résonnait étrangement avec celle des femmes assassinées.