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L’essor des images générées par IA et leurs répercussions
Sur les réseaux sociaux, les images créées par intelligence artificielle (IA) se multiplient rapidement, portées récemment par des tendances comme les « starter packs ». Ces derniers condensent en une seule illustration les traits ou accessoires emblématiques d’une personnalité, sous la forme de figurines accompagnées d’objets significatifs. Si cette pratique peut sembler ludique, elle soulève des enjeux écologiques majeurs liés à la production massive de contenus par IA.
Un exemple frappant est la vague d’images reprenant le style du studio Ghibli, qui illustrait de façon controversée des messages souvent opposés aux valeurs du cinéma de Miyazaki. Cette tendance s’est ensuite étendue avec les « starter packs IA », très populaires sur Instagram et TikTok, où une personnalité est symbolisée par une figurine accompagnée d’éléments la caractérisant. Mais certains dérives ont conduit à des interdictions, comme celle d’un compte TikTok après la publication d’un « starter pack » jugé inapproprié.
Consommation en eau et électricité à grande échelle
L’impact écologique de la génération d’images par IA est désormais quantifiable et alarmant. Chaque image créée nécessite plusieurs litres d’eau et une quantité d’électricité équivalente à la recharge complète d’un smartphone. Cette consommation découle principalement des data centers, infrastructures essentielles au fonctionnement des IA génératives. En 2023, ces centres de données représentaient déjà 1,5 % de la demande mondiale en électricité, une part qui pourrait être multipliée par dix d’ici 2030.
Pour mieux visualiser ces chiffres, générer une image via IA revient à utiliser environ 2 à 5 litres d’eau, soit l’eau utilisée pour une chasse d’eau, ainsi qu’une quantité d’énergie comparable à celle d’un smartphone. Sur le plan des gaz à effet de serre, la production de 1 000 images équivaudrait aux émissions générées par un trajet en voiture essence d’environ 6,5 kilomètres.
Entraînement des IA, déchets électroniques et pollution carbone
Au-delà de la consommation directe liée à la production d’images, l’entraînement des intelligences artificielles génère une empreinte importante. Par exemple, le modèle ChatGPT-3 a occasionné lors de sa formation l’émission d’environ 626 000 kg de CO2, ce qui correspond à faire 72 fois le tour de la Terre en voiture, ou à la fabrication de plus de 3 000 ordinateurs portables. Cette phase intensive a également requis environ 700 000 litres d’eau, une quantité équivalente à la consommation annuelle de 13 personnes en France.
En parallèle, l’usage intensif des infrastructures dédiées à l’IA cause un vieillissement accéléré des équipements électroniques, générant des quantités considérables de déchets. En 2023, la production de déchets électroniques liés à l’IA atteignait 2 600 tonnes, soit l’équivalent de 13 millions de smartphones jetés. Avec l’augmentation prévue de la consommation d’électricité de ces centres, surpassant prochainement celle d’un pays comme le Japon, ces effets pourraient être multipliés par 100 d’ici une décennie.
Un data center représente aujourd’hui la consommation électrique annuelle de 100 000 individus, et les prochains centres, en construction, pourraient être vingt fois plus gourmands, accentuant ainsi l’impact sur le réchauffement climatique. Cette crise écologique se double également d’une problématique éthique, car de nombreux artistes dénoncent l’utilisation non consentie de leurs œuvres pour entraîner ces IA génératives, fragilisant leur activité professionnelle. Certains ont réagi en créant leurs propres « starter packs » à leur image, tentant de préserver leur identité artistique.