Tests de forme en 6e : vers une discrimination à l’école ?

par Olivier
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Tests de forme en 6e : vers une discrimination à l'école ?
France

L’essentiel

Le gouvernement français s’apprête à introduire des tests de forme physique pour tous les élèves entrant en 6e à la rentrée prochaine. Cette mesure vise à évaluer le niveau des élèves afin de mieux les accompagner dans leur parcours scolaire. Une récente expérimentation réalisée dans plusieurs établissements a mis en lumière des inégalités, tant physiques que sociales, entre les élèves. Les résultats montrent que les enfants issus de milieux défavorisés ainsi que les filles affichent des performances inférieures à celles de leurs camarades.

Tests physiques : what’s new ?

A la prochaine rentrée scolaire, les élèves de 6e seront soumis à des épreuves portant sur l’endurance, la vitesse et la force musculaire. La ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, a expliqué que ces tests permettront de mesurer le niveau des élèves et d’identifier leurs éventuelles difficultés. Cette initiative, déjà expérimentée dans certains établissements, a révélé des disparités significatives entre les différents groupes sociaux. Selon ces tests, il existe un risque d’accentuer les discriminations en cours d’éducation physique, mais ils sont considérés comme nécessaires pour évaluer la condition physique des collégiens en France.

Inégalités observées

Les résultats des tests effectués lors de l’expérimentation ont imprimé une réalité troublante : les élèves issus de milieux socio-professionnels moins favorisés ont manifesté de moins bonnes performances comparativement à ceux de catégories plus aisées. Cela soulève des questions sur l’impact de l’environnement socio-éducatif sur la condition physique. Laurent Bennin, professeur d’éducation physique et membre du SNALC, souligne que les parents ayant les moyens de fournir une alimentation équilibrée et d’inscrire leurs enfants à des clubs sportifs contribuent à leur succès tant sur le plan sportif que scolaire.

Un rapport du ministère révèle qu’au sein des 4.100 collégiens concernés par l’expérimentation, 4 % d’entre eux rencontrent des difficultés tandis que 19 % présentent un niveau satisfaisant. En matière d’endurance, 32 % des élèves des milieux les moins favorisés sont classés comme ayant des « besoins », tandis que pour la force musculaire, 37 % des élèves de ces mêmes milieux sont considérés dans la catégorie « satisfaisante », contre 57 % pour ceux issus de milieux favorisés.

Situation des filles

Les résultats de l’expérimentation mettent également en évidence une disparité de performances entre les sexes, avec des résultats généralement moins bons pour les filles. Cette situation peut renforcer certains stéréotypes de genre. à l’arrivée au collège, des différences physiques sont déjà notables entre filles et garçons, en particulier en termes de puissance, ce qui désavantage les jeunes filles. Laurent Bennin fait remarquer que les évaluations en éducation physique, qui se déroulent devant l’ensemble des camarades, peuvent accentuer les sentiments d’angoisse et de discrimination parmi les élèves.

Bien que la mise en place de ces tests ait suscité des préoccupations, les données collectées pourraient offrir un aperçu précieux de la santé des préadolescents en France, particulièrement à une époque où moins de la moitié des enfants atteignent le seuil de 60 minutes d’activité physique quotidienne, comme le souligne une récente étude.

Vers une généralisation des tests

Dès la rentrée prochaine, ces tests de forme physique seront étendus à tous les collèges sur une base volontaire, en réponse à l’appel de la ministre lors d’une récente visite dans la Marne. Cette initiative soulève le débat sur la nécessité d’évaluer systématiquement les compétences physiques des enfants afin de mieux adapter l’enseignement, tout en demeurant conscient des risques de discrimination qui y sont associés.

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