Disparition alarmante des serpents en Nouvelle-Aquitaine

par Olivier
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Disparition alarmante des serpents en Nouvelle-Aquitaine
France
Mickaël Bosredon

Trois espèces de serpents, à savoir la couleuvre d’Esculape, la couleuvre helvétique et la couleuvre vipérine, ont vu leurs effectifs s’effondrer en seulement quatre ans sur le territoire de la Nouvelle-Aquitaine. Selon une étude récente, la seule espèce qui semble encore se maintenir, bien que faiblement, est la couleuvre verte et jaune, qui était présente sur 67 % des sites l’an passé, contre 76 % en 2020.

Cette étude menée par l’association Cistude Nature indique que sur les neuf espèces de serpents recensées dans la région, trois d’entre elles ont vu leur taux de présence divisé par deux sur les 87 sites observés. Par exemple, la couleuvre d’Esculape est passée de 25 % à 9 % entre 2020 et 2023, tandis que la couleuvre helvétique est tombée de 41 % à 19 %, et la couleuvre vipérine de 20 % à 13 %.

Autre fait préoccupant, ce déclin ne doit pas occulter une situation déjà désastreuse concernant quatre autres espèces, dont le taux de présence est, au mieux, proche de 5 % pour la coronelle lisse, et au pire autour de 1 % pour la coronelle girondine, la vipère péliade et la vipère de séoane. La vipère aspic quant à elle voit son taux de présence diminuer, passant de 21 % en 2021 à seulement 13 % en 2023.

Les spécialistes, bien qu’inquiets, n’ont pas été pris de court par ces résultats. L’herpétologue Matthieu Berroneau précise que ces conclusions valident leurs observations antérieures sur le déclin des populations de serpents, en particulier pour les espèces communes. La principale cause de cette dégringolade est la destruction des habitats. Ces reptiles dépendent d’environnements naturels bien conservés, et la fragmentation des habitats due à l’urbanisation, ainsi que la réduction des espaces verts, n’arrangent pas la situation.

Les routes, en plus de fragmenter les habitats, représentent un véritable danger pour ces animaux à mobilité réduite, comme le souligne Matthieu Berroneau. Les serpents sont souvent victimes de collisions lorsqu’ils tentent de traverser les voies de circulation.

Le changement climatique semble également avoir un impact croissant, avec des cas de mortalité observés durant l’été 2022, principalement dus à un assèchement des milieux. Malheureusement, cette situation n’affecte pas toutes les espèces de la même manière.

Ce qui est d’autant plus préoccupant, c’est que cette étude repose sur un suivi effectué sur des sites protégés. Si même dans ces endroits les populations de serpents chutent, cela pourrait signifier que la situation est encore plus grave ailleurs. Bien qu’un effondrement des populations soit constaté, cela ne signifie pas encore une extinction complète, même si certaines espèces, localement et sur des sites isolés, pourraient disparaître faute d’échanges avec d’autres populations.

Notre perception des serpents évolue cependant. De plus en plus de personnes réalisent l’importance de ces animaux dans l’écosystème, malgré l’aversion qu’ils suscitent souvent. Le serpent est un maillon essentiel de la chaîne alimentaire, prédateur de petits animaux et proie pour des espèces comme le Circaète-Jean-le-Blanc.

Afin de tenter d’enrayer cette disparition, des solutions comme la construction de « passages pour la faune » sous les nouvelles routes sont proposées. De plus, des actions individuelles, telles que préserver un peu de nature dans les espaces urbanisés, peuvent contribuer à la survie locale de certaines espèces.

Enfin, le film « Des serpents dans nos têtes » aborde de manière humoristique la peur ancestrale des serpents, cherchant à démystifier ces reptiles. Ce documentaire est accessible librement, offrant aux plus angoissés l’occasion de se familiariser avec ces créatures souvent mal comprises et menacées.

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