Sommaire
Divisé par la guerre et la pauvreté
En automne 1942, les bombes alliées tombaient sur Munich. Werner Herzog, futur réalisateur mondialement connu, n’avait alors que deux semaines. Une bombe détruisit entièrement la maison d’un voisin et endommagea partiellement la maison familiale d’Herzog. « Ma mère m’a retrouvé, bébé, sous un pied de verre brisé et de débris, mais je n’avais pas une égratignure », raconta Herzog à Terry Gross sur NPR en 1998. Sa mère Elisabeth prit alors ses deux fils et s’enfuit, trouvant refuge dans un village reculé de Bavière, à la frontière autrichienne.
Évoluant dans un environnement isolé de la modernité et marqué par la famine, Herzog grandit sans eau courante, sans matelas et avec peu de nourriture, selon le New York Times. « Je n’avais jamais vu de films », confia-t-il à NPR. « Je n’avais jamais vu de télévision. J’avais à peine vu des voitures dans ma vie… Je me souviens des difficultés et je me souviens que j’avais faim enfant, et que nous n’avions rien à manger. »
Une enfance difficile mais heureuse
La vie de Werner Herzog dans le village n’était pas facile. Il a grandi sans son père, parti à la guerre et devenu plus tard prisonnier de guerre, selon une interview de Herzog pour NPR en 1998. À l’âge de 4 ou 5 ans, il a découvert une cachette d’armes abandonnées par des soldats allemands en fuite. « J’avais une mitraillette fonctionnelle et … j’ai essayé de chasser un corbeau parce que j’avais faim et je voulais faire une soupe, » raconta-t-il. Sa mère l’a surpris et lui a montré à quel point l’arme qu’il avait trouvée était dangereuse en tirant une balle dans un tronc de hêtre.
Malgré les circonstances désastreuses de la famille, Herzog avait la liberté de parcourir la campagne et de pêcher des truites, loin de la guerre qui faisait rage tout autour d’eux. « J’ai eu une enfance merveilleuse, » a-t-il confié à NPR. À l’âge de 11 ans, il a vu son premier film lorsqu’un « projectionniste ambulant » est arrivé dans son village rural, selon la CBC – un événement qui allait mener Herzog vers sa carrière choisie.
Période de l’après-guerre
Le jeune Werner Herzog, durant la période d’après-guerre où l’Allemagne était sous le contrôle des Alliés et où les principales villes du pays gisaient en ruines, a vécu une expérience quelque peu contrastée par rapport à celle de nombreux Allemands de l’époque, bien que sa famille restait pauvre. « Dans ce village de montagne, il n’y avait pas de véritable guerre », a-t-il confié à NPR. « Il était simplement occupé par 60 soldats américains à la toute fin de la guerre… Le climat n’était pas celui de la destruction totale qu’avait connue l’Allemagne tout autour de moi. C’était un village de montagne, une vallée de montagne, isolée, entourée uniquement de nature. »
C’est à ce moment-là que Herzog fit la rencontre d’un soldat afro-américain, son premier contact avec une personne de couleur noire, chose inédite pour lui. « Je suis immédiatement devenu son ami et je lui ai parlé pendant des heures », se remémore-t-il. À l’âge de 12 ans, Herzog et sa famille retournèrent à Munich et furent confrontés au paysage dévasté par les bombardements. C’est alors qu’il découvrit le monde moderne. « J’ai passé mon premier appel téléphonique à l’âge de 17 ans, mais j’ai réalisé mon premier film à 19 ans », a-t-il confié à NPR.
Crédit image: Keystone Features/Getty Images