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De la dioxine à la Corse : plongée dans l’affaire de la magistrate d’Agen
Une juge d’instruction d’Agen a été déférée en vue d’une mise en examen pour onze chefs d’inculpation, suscitant une vague d’interrogations quant à ses liens présumés avec le banditisme corse. Cette affaire peu commune met en lumière la magistrate Hélène Gerhards, dont le parcours soulève des questions poignantes.
Hélène Gerhards, âgée de 49 ans, a débuté sa carrière en tant que juge d’instruction à Albertville, se forgeant une réputation médiatique dans des affaires notables telles que celle des dioxines. Son implication dans le scandale environnemental relatif aux fumées toxiques émises par une usine d’incinération en Savoie a attiré l’attention des médias et du public, semant le trouble parmi les parties civiles.
Nommée successivement à Marseille, puis en Corse de 2011 à 2016, Hélène Gerhards a ensuite évolué en tant que vice-procureure à Toulouse avant d’intégrer, en 2021, la cour d’appel d’Agen. Réputée pour sa méthodologie rigoureuse et son dévouement sans faille à ses dossiers, la magistrate a dû faire face à des tensions lors de certains procès, comme en témoigne son implication dans l’affaire de la fusillade à Sartène en 2014.
Les accusations à l’encontre de la magistrate
Hélène Gerhards est actuellement sous le feu des projecteurs pour ses supposés liens étroits avec le milieu du banditisme corse, en particulier avec Johann Carta, une figure clé présumée de ce milieu. Des écoutes téléphoniques réalisées dans le cadre de l’affaire de la bande du Petit Bar ont mis en lumière des discussions évoquant des travaux supervisés par la magistrate dans sa villa à Ajaccio, suscitant des interrogations sur d’éventuelles contreparties liées à cette relation.
Des informations sur la transformation de l’ancien garage de la magistrate en logement loué sur Airbnb, sans déclaration fiscale adéquate, ainsi que sur des incohérences concernant sa résidence et sa situation familiale, ont alimenté les chefs d’inculpation retenus à son encontre. Détournement de fonds publics, recours à des travailleurs dissimulés en bande organisée, trafic d’influence et blanchiment figurent parmi les accusations sérieuses auxquelles Hélène Gerhards doit répondre.
Malgré sa reconnaissance des liens avec Johann Carta dans le cadre d’un chantier, la magistrate a déclaré n’avoir pas fait le rapprochement avec la bande du Petit Bar, soulignant une méconnaissance de la réelle nature de leur relation.
Les supposés liens avec Dupond-Moretti
Outre les accusations de collusion avec le milieu corse, l’affaire prend une tournure particulière en raison des liens présumés entre la juge Gerhards et le ministre actuel de la justice, Éric Dupond-Moretti. Des allégations suggèrent que la magistrate aurait soutenu l’avocat renommé lors d’une affaire l’opposant à une présidente de cour, laissant planer des doutes sur l’impartialité de sa position. Des propositions de rejoindre le cabinet d’avocats de Dupond-Moretti auraient également été évoquées, ajoutant une dimension complexe à cette affaire déjà sensible.