Le dirigeant nationaliste serbe bosnien, Milorad Dodik, recherché par la justice de son pays, a réapparu à Moscou. Considéré par de nombreux experts comme la source d’une crise politique majeure, il a agité les tensions dans une Bosnie fragmentée, souhaitant séparer l’entité serbe, la Republika Srpska, qui représente 49 % du territoire. Depuis plusieurs années, Dodik menace de procéder à une sécession, et en février dernier, il a encouragé les institutions de la RS à interdire l’intervention de la justice centrale dans son territoire.
La Bosnie, qui compte 3,5 millions d’habitants et est située au cœur des Balkans entre la Croatie et la Serbie, souffre d’institutions centrales affaiblies, dont la légitimité est remise en question par Dodik. Souvent critiqué pour « corruption » et pour avoir contourné l’accord de paix, il a été condamné il y a peu par la justice bosnienne à un an de prison et à une interdiction de fonctions publiques pendant six ans, en raison de son refus d’appliquer les décisions d’un représentant international chargé de faire respecter cet accord.
Ce fidèle allié de Vladimir Poutine, âgé de 66 ans, se considère comme la cible d’un « procès politique ». En dépit de condamnations, il continue d’afficher son admiration pour le président russe et a récemment célébré la victoire de Donald Trump, dénonçant également des décisions judiciaires en France comme étant motivées politiquement. Paradoxalement, sa carrière politique a débuté dans un contexte favorable à l’Occident, lorsqu’il s’est opposé à Radovan Karadzic pendant la guerre de Bosnie. Jugé comme un modéré, il a reçu un soutien international, y compris de l’OTAN, pour être élu Premier ministre de la RS en 1998.
Au fil des ans, son discours s’est radicalisé, et il a été élu avec près de 60 % des voix. Son emprise sur la Republika Srpska n’a cessé de croître, avec plusieurs mandats à des postes clés dans la direction de l’entité serbe et de la Bosnie. Ce parcours témoigne d’une transformation d’un homme politique autrefois réformateur en un leader nationaliste fortement ancré dans ses idéaux séparatistes.