Les médicaments dans l’eau constituent une menace insidieuse pour nos écosystèmes aquatiques. Des études soulignent que l’élimination inappropriée des produits pharmaceutiques, qu’ils soient issus de sources légales ou illicites, aboutit à la contamination des rivières et des lacs. Ces contaminations exposent les poissons et autres espèces aquatiques à des composés perturbateurs endocriniens présents notamment dans les antidépresseurs et les traitements hormonaux, compromettant ainsi leur croissance et leurs systèmes reproductifs.
Certains médicaments, répertoriés sur une « liste de rinçage » par les autorités sanitaires pour prévenir leur détournement ou leur surdosage, présentent des risques environnementaux minimes, selon une étude de 2017. Néanmoins, il reste essentiel d’évaluer et de comprendre l’impact global de ces substances une fois dans les milieux naturels.
Une étude publiée en juillet 2021 dans le Journal of Experimental Biology apporte des éclaircissements sur la manière dont ces polluants affectent le comportement des poissons. Pavel Horký, de l’Université tchèque des sciences de la vie à Prague, et son équipe ont conduit une expérience en exposant des truites brunes à des niveaux de méthamphétamine identiques à ceux détectés dans certaines rivières. Pendant huit semaines, les poissons ont évolué dans un environnement enrichi en méthamphétamine, avant d’être transférés dans un aquarium d’eau douce dans lequel ils avaient le choix régulier entre de l’eau pure et de l’eau contaminée.
Les résultats ont clairement démontré que les poissons, manifestant des signes de sevrage lors de leur séjour en eau douce, choisissaient l’eau contenant le stimulant pour atténuer leur manque. Outre cette préférence marquée, les poissons exposés étaient moins actifs et présentaient des traces de la drogue dans leur cerveau jusqu’à dix jours après leur retrait de l’environnement contaminé. Ces comportements suggèrent que, dans la nature, des poissons attirés par des effluents d’eaux usées pourraient voir leur cycle de vie naturel perturbé, illustrant ainsi une nouvelle forme de pression liée à l’urbanisation.
L’ensemble de ces observations incite à redoubler d’efforts pour étudier et prévenir les risques que représentent la présence de substances médicamenteuses dans nos cours d’eau, afin de préserver la vie aquatique et les équilibres environnementaux.