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La Genèse de « Get Up, Stand Up » : Un Hymne pour les Droits de l’Homme
En 1973, l’album « Burnin' » des Wailers a vu le jour, portant en son sein un joyau musical qui résonnerait à travers le monde en tant qu’hymne universel des droits de l’homme. Bob Marley et son coauteur Peter Tosh ont donné naissance à une chanson engagée, incitant chacun à faire retentir sa voix, indépendamment de sa classe sociale, comme l’a souligné le Professeur Robert Tanner du Morehouse College. Cependant, tel un tableau artistique digne de ce nom, les paroles ne se limitent pas à une seule interprétation, laissant place à une diversité de significations.
Pour Rita, l’épouse de Bob Marley, ce morceau constituait une incitation à la force et à la fidélité, comme elle l’a écrit en 1995. L’origine de cette chanson semble puiser ses racines dans divers horizons. Selon Esther Anderson, la petite amie de Marley à l’époque, celui-ci aurait écrit ce titre lors d’une tournée en Haïti au début des années 1970. Cette période était marquée par la dictature de Jean-Claude « Baby Doc » Duvalier, un règne entaché par des violations des droits de l’homme et la pauvreté notoire, comme le relève Britannica.
La Religion Rastafari et L’Empereur Haile Selassie
« Get Up, Stand Up » s’est transformée en cri de ralliement pour les droits de l’homme, tout en célébrant le mouvement religieux jamaïcain, le Rastafarisme, pratiqué à la fois par Bob Marley et Peter Tosh. Les adeptes de cette croyance considèrent l’Empereur Haile Selassie, qui fut le souverain de l’Éthiopie de 1930 à 1974, comme la réincarnation de Jésus-Christ. Cette religion fusionne des éléments du christianisme, du mysticisme et du panafricanisme, un mouvement visant à unir les personnes d’ascendance africaine à travers le monde.
Ennis B. Edmonds, dans son livre « Rastafari: Une Introduction Très Courte », affirme que la chanson, tout comme d’autres compositions de Bob Marley, reflète les croyances de ce dernier. Elle célèbre Haile Selassie comme le grand libérateur noir et critique les « institutions sociales de la société occidentale comme étant oppressives et aliénantes ». Le chant aurait été inspiré par des cantiques traditionnels utilisés lors de cérémonies Rastafari appelées « groundings ». Ainsi, cette chanson représente à la fois un « chant dévotionnel écrit pour célébrer son prophète » et un « hymne pour unir et libérer », selon l’ouvrage « Keep On Pushing: Black Power Music from Blues to Hip-hop ».
Les Inspirations de Malcolm X
Une autre source d’inspiration possible pour la chanson serait les écrits de Malcolm X, cet activiste politique, musulman et penseur majeur des années 1960. Il prônait le panafricanisme en établissant un lien entre les luttes des Noirs américains et celles des nations africaines. De nombreux thèmes abordés dans les discours de Malcolm X peuvent également être perçus dans « Get up, Stand up », comme l’a souligné le Professeur Manning Marable de l’Université de Columbia. Bob Marley, également panafricaniste, et Peter Tosh, coauteur de la chanson, avaient été fortement influencés par les leaders des droits civiques des années 1960, dont Malcolm X. Ainsi, le message de « Get up, Stand up » s’inscrit parfaitement dans cette lignée de pensée visant à encourager l’affirmation de soi et la lutte pour l’égalité.
Après le départ de Tosh des Wailers en 1973, il enregistra sa propre version de « Get up, Stand up » sur son deuxième album solo, « Equal Rights » de 1977, perpétuant ainsi le thème du panafricanisme et de la quête de justice.