Joseph Rainey, premier membre noir de la Chambre des représentants, s’est illustré durant les années 1870 par son engagement passionné en faveur des droits civiques et sa lutte contre les violences perpétrées par des groupes suprémacistes. Son éloquence hors du commun lui permettait de défendre haut et fort les droits des Afro-Américains, en s’appuyant sur des références littéraires prestigieuses telles que Shakespeare et Platon. Il dénonçait avec force les traitements inhumains subis quotidiennement par sa communauté, mettant ainsi en lumière une réalité souvent ignorée.
Lors de séances décisives, il posait des questions incisives et appelait à l’égalité, interpellant ses pairs sur le manque d’accès aux mêmes privilèges que ceux accordés à leurs homologues blancs. Parmi ses actions majeures figura la défense du Ku Klux Klan Act, loi qui permit au président Grant de lutter efficacement contre les groupes terroristes dans le Sud, contribuant ainsi à démanteler le Klan pendant près d’une génération. Face aux contestations quant à la constitutionnalité de cette loi, Rainey rétorquait avec véhémence en affirmant la nécessité de protéger les citoyens les plus vulnérables.
Né fils d’esclave à Charleston, en Caroline du Sud, Rainey a vu sa destinée se transformer malgré un contexte oppressant. Bien que son père, barbier de métier, ait réussi à acheter la liberté de sa famille, les lois locales en faisaient un citoyen de seconde zone, l’obligeant à être accompagné d’un « tuteur » blanc pour circuler en ville. Lors de la guerre civile, il fut contraint d’intégrer l’armée confédérée pour fortifier la défense urbaine, avant de devenir intendant au sein de la marine. Las des injustices, il s’échappa en 1862 vers les Bermudes, où l’abolition de l’esclavage était déjà effective depuis trois décennies. C’est pendant son exil qu’il se plongea dans la lecture des grands classiques de la littérature occidentale.
De retour sur le territoire américain après la guerre, Joseph Rainey ne perdit jamais de vue son combat pour la justice et l’égalité. Il participa activement à la convention constitutionnelle de la Caroline du Sud, investit dans la vie politique en se présentant au Congrès, et occupa un poste au sein des finances de l’État. Dans la Chambre, il déclarait à ses collègues : « Je ne peux qu’élever ma voix, et je le ferais si c’était la dernière fois, pour défendre mes droits et ceux de mes concitoyens opprimés. »