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Combien de dynasties l’Égypte ancienne a-t-elle connues ?
L’Égypte ancienne continue d’éveiller notre imagination, même 2 000 ans après son intégration dans l’Empire romain. Que ce soit à travers les hiéroglyphes, qui représentent des pharaons, des serviteurs et des dieux comme Anubis, ou les récits fantastiques de momies maudites et de la célèbre Cléopâtre, l’existence d’une culture si riche nous fascine. Les vestiges matériels tels que les sarcophages, les pyramides de Gizeh et le Sphinx demeurent des témoins tangibles d’une civilisation longtemps disparue.
Les historiens et chercheurs ont largement exploré l’Égypte ancienne, donnant naissance à un champ d’études complet : l’égyptologie. La documentation écrite, qu’elle soit gravée sur pierre ou écrite sur papyrus, nous aide à comprendre la vie des Égyptiens. Malgré la fragilité du papyrus, qui se décompose avec le temps, des historiens grecs comme Hérodote ont joué un rôle crucial dans la préservation de l’histoire égyptienne.
Au-delà des clichés souvent associés à cette ancienne civilisation, quelle est réellement la profondeur des connaissances des gens sur l’Égypte ancienne ? On peut la dater des premiers habitants de la région vers 5000 av. J.-C. jusqu’à la mort de la dernière souveraine ptolémaïque, la célèbre Cléopâtre VII, en 30 av. J.-C. L’histoire de l’Égypte commence véritablement autour de 3100 av. J.-C. lorsque le roi Ménès unifie le royaume. Cela marque le début de la première dynastie égyptienne. Au fil des 3 100 années suivantes, les croyances, coutumes et architectures égyptiennes évoluent, tout en conservant une continuité dans l’existence du pays. Au final, ce sont 31 dynasties qui ont régné sur l’Égypte.
Trois grandes périodes sur 3 100 ans
Les 31 dynasties de l’Égypte ancienne se répartissent sur trois grandes périodes : le Royaume ancien (2686-2181 av. J.-C., dynasties 3 à 6), le Royaume moyen (2125-1650 av. J.-C., dynasties 11 à 13) et le Nouvel Empire (1550-1069 av. J.-C., dynasties 18 à 20). Ces grandes périodes sont suivies d’une période connue sous le nom de « Période tardive » qui marque les signes avant-coureurs de la fin de l’Égypte ancienne : l’occupation nubienne lorsque le pouvoir égyptien s’affaiblit (1069 av. J.-C.), le retour au pouvoir égyptien (664 av. J.-C.), la conquête d’Alexandre le Grand (332 av. J.-C.) et le contrôle romain (30 av. J.-C.). La montée du christianisme copte au Ier siècle apr. J.-C. a également marqué un tournant dans la dynamique culturelle de l’Égypte, jusqu’à la fragmentation de l’Empire romain en 395 apr. J.-C.
Ces périodes sont séparées par des raisons sociopolitiques diverses ainsi que des différences notables dans l’art, les croyances et l’architecture. Les dates peuvent varier, car personne en Égypte, il y a 3 500 ans, n’a déclaré de manière formelle le début d’une nouvelle ère.
Des périodes de transition appelées « Périodes intermédiaires » marquent également la séparation de ces principales phases. La première Période intermédiaire (2181-2125 av. J.-C.) a été marquée par des conflits entre le nord (Memphis) et le sud (Thèbes). La deuxième Période intermédiaire (1650-1550 av. J.-C.) a vu l’Égypte tomber sous la domination des Hyksos, ce qui a entraîné un retour à un art et des valeurs plus simples. La troisième Période intermédiaire (1069-664 av. J.-C.) couvre toute l’occupation nubienne. Les dates sont plus floues avant le Royaume ancien, lors du règne des première et seconde dynasties.
31 dynasties, entre interruptions
Il est utile de rappeler qu’une « dynastie » désigne une seule famille. Ces 31 dynasties au cours des 3 100 ans nous rappellent que le pouvoir a souvent changé de mains. À titre d’exemple, le Metropolitan Museum of Art a dressé une liste exhaustive de chaque souverain d’Égypte (à l’exception des premières dynasties avant le Royaume ancien). Certains, comme Nebka II de la quatrième dynastie (2494-2490 av. J.-C.), ont exercé leur pouvoir pendant une seule période, tandis que d’autres, comme Amenemhat III de la douzième dynastie, ont régné pendant 46 ans (1859-1813 av. J.-C.). De telles analyses révèlent qu’une vision uniforme et ininterrompue de l’Égypte ancienne est trompeuse, tant son histoire s’avère variable et complexe, akin à celle de nombreux pays modernes.
Le Royaume ancien (2686-2181 av. J.-C.) est souvent décrit comme un « âge d’or », marqué par la prospérité et la stabilité, en particulier durant les troisième et quatrième dynasties, période durant laquelle ont été érigées les pyramides de Gizeh. Le Royaume moyen (2125-1650 av. J.-C.) a été jalonné d’importants liens diplomatiques et de périodes prolongées de paix.
Quant à la figure du pharaon, elle ne devient véritablement celle d’un intermédiaire entre les dieux et les hommes qu’au Nouvel Empire (1550-1069 av. J.-C.). Avant cela, le dieu Osiris était considéré comme le premier « roi » d’Égypte, et les souverains étaient appelés « rois » à son image. Le pouvoir d’Osiris était symbolisé par le bâton de berger (représentant la guidance) et la fléau du blé (évoquant l’abondance et la fertilité). C’est pourquoi les hiéroglyphes montrent les rois égyptiens tenant ces artefacts.
Nubiens, Akhenaton et Cléopâtre
Il est pertinent d’examiner les pertes majeures au cours de l’histoire dynastique égyptienne. En tête de liste se trouvent les Nubiens, issus d’une région aujourd’hui située au Soudan, occupant ce que les Égyptiens appelaient « Koush ». L’Égypte a lancé une campagne autour de 1500 av. J.-C. pour conquérir Koush, s’approprier ses ressources et transformer la région en un dépôt commercial le long du Nil.
Les Nubiens et les Égyptiens ont fini par intégrer leurs cultures, se marier, jusqu’à former un groupe ethnique unique. Lorsque l’Égypte du nord a commencé à décliner pour diverses raisons, les Nubiens ont pris le contrôle vers 1069 av. J.-C., établissant ainsi la vingt-cinquième dynastie. Il serait inapproprié de les qualifier de « conquérants », car ils ont en réalité permis de maintenir l’Égypte unie pendant 400 ans.
Un autre tournant marquant survient avec le roi Amenhotep IV, de la dix-huitième dynastie, qui a radicalement remodelé la religion égyptienne, promulguant un culte monothéiste dédié au dieu du soleil Aten. À partir de la quatrième année de son règne (1353-1349 av. J.-C.), il a changé son nom en Akhenaton, « le Serviteur d’Aten », devenant ainsi le premier « pharaon » au sens moderne du terme. Son nom apparaît même en double sur la liste des souverains égyptiens.
La dynastie égyptienne prend finalement fin avec la mort de Cléopâtre VII en 30 av. J.-C., au moment où l’Empereur romain Octave tente de soumettre l’Égypte. Sa mort, consécutive à un suicide, signe la conclusion d’une période emblématique de l’histoire égyptienne.