Histoire
Muhammad Ali, figure emblématique du sport du XXe siècle, est resté dans les mémoires non seulement pour sa carrière sur le ring et ses engagements philanthropiques, mais aussi pour un épisode méconnu qui s’est déroulé bien en dehors des combats.
En 1990, lors de l’invasion du Koweït par l’Irak, des milliers d’étrangers furent faits prisonniers. Face à la pression internationale et aux menaces d’une attaque américaine, Saddam Hussein eut recours à une stratégie désespérée : utiliser 15 citoyens américains comme boucliers humains en les plaçant sur des sites susceptibles d’être frappés par les avions de guerre.
Alors que les efforts diplomatiques peinaient à débloquer la situation, Muhammad Ali décida d’intervenir. Contre toute attente, l’administration américaine de l’époque permit au célèbre boxeur de se rendre en Irak pour participer aux négociations. Malgré les critiques virulentes des milieux diplomatiques et médiatiques, son initiative allait s’avérer décisive.
Déclaré retraité de la boxe en 1981 et déjà confronté aux affres du Parkinson, Ali fut accueilli en véritable célébrité en Irak. Il ne se contenta pas de négocier ; il visita écoles et édifices religieux, échangeant avec la population qui sollicitait autographe et conversation. Toutefois, sa venue ne fut pas sans difficultés : malgré l’admiration populaire, Saddam Hussein le fit attendre plusieurs jours et interrompit même son approvisionnement en médicaments, mettant sa santé en péril.
Après une semaine d’attente, lors de sa rencontre avec le dirigeant irakien, ce dernier déclara fermement qu’il n’autorisait pas le retour aux États-Unis de Muhammad Ali, à moins que plusieurs citoyens américains se joignent à lui. Ainsi, à son atterrissage à l’aéroport JFK le 2 décembre 1990, le boxeur légendaire fut accompagné des 15 otages. Ce geste audacieux aurait sans doute sauvé des vies alors que se profilait la guerre du Golfe un mois plus tard.