Histoire
Il est difficile d’imaginer l’existence de l’État moderne d’Israël sans l’influence déterminante de Golda Meir. Surnommée « La Dame de fer du Moyen-Orient », elle figure parmi les premières immigrantes sionistes en Palestine et fut l’une des deux femmes à signer la Déclaration d’indépendance d’Israël en 1948. Première femme à occuper le poste de Premier ministre, son mandat s’étendit de 1969 à 1974. Sa carrière, marquée par son humilité et sa simplicité – volant en classe économique, lavant elle-même ses vêtements – s’inscrit désormais dans la légende aux côtés de Winston Churchill et Abraham Lincoln.
Parcourir la vie de Golda Meir, c’est découvrir des faits surprenants sur ses origines et son parcours :
- Issue d’une famille modeste de Kiev, elle porte le prénom de sa grande- arrière-grand-mère, célèbre pour avoir mis du sel dans son thé en signe de deuil face à la dispersion juive.
- Ayant émigré aux États-Unis, elle fut bercée par l’effervescence d’une vie nouvelle à Milwaukee, avant de s’engager dans le militantisme sioniste après son passage à Denver.
- Après quelques années d’enseignement, sa passion pour les conférences de **Labor Zionism** la conduisit inévitablement vers le milieu politique.
Sa trajectoire se poursuit avec son installation en Israël en 1921, où, installée dans un kibboutz, elle se distingue en dirigeant l’exploitation avicole du lieu. Tandis que son mari, Morris Meyerson, souffrait d’ennui et de problèmes de santé, Golda, tiraillée entre le désir d’une vie familiale et celui d’une carrière politique, vit son mode de vie radicalisé par les idées du sionisme ouvrier.
Malgré les difficultés financières et les attentes traditionnelles imposées par son entourage, elle fit des concessions pour se conformer à l’image de l’épouse classique. Cependant, la force de sa personnalité et la clarté de sa vision politique émergèrent très tôt :
- Son passage à Denver lui permit d’adopter le sionisme de gauche, qui scella son destin politique.
- Elle finit par obtenir le certificat d’enseignement et se lança dans la lutte pour la création d’un État juif.
- Sa relation avec Morris évolua, marquée par des oppositions profondes : elle désirait une implication plus importante dans la vie publique tandis que lui prônait l’image d’une épouse traditionnelle.
Succédant à divers postes diplomatiques et ministériels, Golda Meir fut sollicitée pour assumer la charge de Premier ministre après le décès subit de Levi Eshkol en 1969. Contre toute attente, elle fit ses preuves lors d’élections générales et orienta le destin d’Israël, même si ce mandat se conclut en 1974 suite aux répercussions de la guerre du Kippour.
Bien que la figure de Golda Meir ait souvent été associée à un engagement purement politique, son quotidien restait simple et accessible. Ses pratiques personnelles – préparer elle-même des pâtisseries pour des dignitaires chez elle, ou encore avoir servi de messagère lors de missions audacieuses en 1948 – témoignent d’une détermination à servir l’intérêt national avant tout.
Remarquablement dévouée à son pays, Golda Meir souhaitait d’ailleurs se retirer dès 1966, alors qu’elle était encore grand-mère. La maladie et le contexte politique l’amenèrent à accepter à contrecœur le rôle de Premier ministre pour éviter une lutte interne au sein de son parti. Dirigeant avec pragmatisme, elle imposa son style, une référence même dans des aspects inattendus : jusqu’en 1987, l’armée israélienne distribua des chaussures, qualifiées de « na’alei Golda », inspirées par ses préférences personnelles.
Bien que Golda Meir ait quitté la vie publique quatre ans seulement avant son décès en 1978, son héritage reste indélébile, symbolisant la force et la persévérance d’une femme qui façonna l’histoire d’Israël par son leadership et son humanité.
